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BP : le premier grand patron qui tombe grâce à Internet ?

Publié le 27 juillet 2010 par Anthony Hamelle
Après de longs mois de silence sur ce blog, un article a particulièrement retenu notre attention hier. L'édition du Monde d'hier publiait en Une un édito intitulé "La chute du patron de BP : la fin de l'impunité".
Le texte évoque la démission attendue du Patron honni Tony Hayward dans les prochaines semaines.
Tout le monde a pu suivre ce feuilleton tragique depuis l'explosion de la plateforme Deepwater Horizon dans le golfe du Mexique il y a 3 mois déjà.
Là où cela devient intéressant, c'est lorsque l'édito revient sur les mécanismes qui ont permis de "faire tomber" le patron du pétrolier britannique. En effet, au delà des bourdes et de l'autisme du patron de BP, comparé à Desmaret ou Lloyd Blankfein, l'auteur souligne très clairement le rôle joué par Internet : "Les plans média les plus sophistiqués mis en place par BP ont montré leurs limites. La première entreprise britannique n'a pas pris la mesure du bouleversement du paysage médiatique. "Chienne de presse", relayée par une foule de politiciens qui transforment de petits ennuis en un feuilleton international : à l'heure de l'Internet, cette vieille antienne est dépassée. 
Investisseurs et acteurs financiers ne se nourrissent plus seulement des grands journaux cajolés par les experts de la "com". Pour se tenir informé, le must est désormais de consulter les blogs. BP a sous-estimé leur impact. Anonymement, banquiers, traders et autres gestionnaires de fonds ont balancé sur ces sites toutes les vérités à propos de BP qui ne sont pas bonnes à dire. Tony Hayward tombe à cause de cet environnement-là aussi.".

Ne soyons pas dupe : la catastrophe en elle-même, son ampleur, sa durée, les erreurs de communication, la pression de l'opinion et de l'administration Obama recherchant un coupable à tout prix rendaient difficilement tenable le maintien du patron.
Cependant, cette analyse est intéressante à deux niveaux : d'abord parce que oui Internet a forcément joué un rôle considérable dans cette crise sans réel précédent. BP a certes réussi à utiliser les outils sociaux pour tenter de faire entendre sa voix et surtout mettre en avant le travail mené 24h sur 24h pour tenter d'arrêter la fuite (le Facebook de l'entreprise est assez fascinant à analyser). Néanmoins, en face, il y a l'opinion. Mondialisée, socialisée, en réseau. Au delà des attaques presque traditionnelles dans ce genre de crise (détournement de logo par Greenpeace) ou du fameux compte Twitter BPGlobalPR, c'est bien l'avis des experts (banquiers, traders, ...) qui a réussi à mettre en péril la communication du patron. Mécanique que l'on retrouve sur d'autres crises, par exemple dans le secteur aérien ou les "experts" viennent contredire le discours officiel au sein d'énormes forums spécialisés qui alimentent les journalistes eux-mêmes. 
L'autre point notable, c'est évidemment que cela soit Le Monde qui nous explique cela. Ce n'est pas rien en effet pour un tel journal d'admettre que le vrai contre-pouvoir ne se trouve peut-être pas dans les salles de rédaction mais sur les réseaux.

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