Si je vous dis : "14 juillet", vous dites ?... Oui, la fête nationale française, bien sûr, mais encore ?... En littérature par exemple, à quoi ou à qui vous fait penser cette date ? ... Non, vous ne voyez pas ? C'est compréhensible, car moi-même je n'en suis pas sûre. En effet, si j'en crois wikipedia, et l'on sait qu'il faut être vigilant lorsqu'on récolte des infos sur wikipedia, Emmanuel Dondala est né le 14 juillet 1941. Ailleurs, sur Babelio.com, ce serait le 16 juillet. Mais que ce soit le 14 ou le 16, ce qui est certain, c'est que c'était en juillet. Et puisque nous y sommes, je ne résiste pas à l'envie de vous parler de lui, je veux dire de l'un de ses romans, mon préféré, pour être plus précis : Les petits garçons naissent aussi des étoiles. Ceci dit, je n'ai pas encore lu Photo de groupe au bord du fleuve. Mais, à l'heure où l'on parle justement de ce dernier roman de l'auteur, paru tout récemment, il est bon de rappeler ses anciennes publications, j'ai envie de dire ses anciennes amours. Ma lecture des Petits garçons naissent aussi des etoiles, il y a dix ans, fut une belle histoire d'amour.
Il s'agit, dans ce roman, du récit de Matapari, un garçon de quinze ans, éveillé, habité par une soif de connaissance, un désir de comprendre aussi effréné que le monde qui l'entoure est complexe. Il nous fait revivre des épisodes de sa vie : sa naissance très peu ordinaire (dernier-né de triplés, il vient au monde deux jours après ses frères, à la surprise générale), ses discussions avec son père, sa complicité avec l'oncle Boula Boula... "Je pense vraiment que chaque personne a comme moi une histoire à raconter" dit-il (p. 191). Cependant, l'histoire de sa vie est indissociable de l'histoire du pays. La politique, particulièrement mouvementée, a eu un impact plus ou moins considérable sur chacun, chez l'enfant encore plus vivement que chez l'adulte, surtout lorsqu'il a été témoin de ces péripéties générées par la politique, et qui ébranlent le cours normal de la vie. Du régime monopartite à l'avènement de la démocratie en passant par la Conférence nationale, Matapari a bien des choses à dire ou plutôt bien des questions à nous soumettre. Tout en nous familiarisant avec son entourage, il nous fait part de ses observations.
Dans ce roman, qui reçut le Prix RFI-Témoin du monde en 1998, Emmanuel Dongala livre le regard d'un enfant sur les incohérences de la politique dans son pays.
Voici une des réflexions de Matapari, faite sur le ton de l'innocence, mais derrière laquelle on devine l'auteur qui ironise sur la situation politique de son pays, sur les hommes politiques en particulier, dont l'activité semble se résumer à la production de discours.
"Notre pays était peut-être un petit pays pauvre en développement industriel, en ressources financières, en équipements sanitaires, en tout ce que vous voudrez, mais il était grand et abondamment doué en hommes politiques exceptionnels capables de le diriger afin de sortir de l'ornière du sous-développement. Tous avaient leurs solutions pour transformer le pays en un petit pays d'Europe occidentale prospère. Le seul mystère pour moi était que je n'arrivais pas à m'expliquer pourquoi nous étions encore dans une telle misère quand apparemment tant de monde avait tant de solutions miracles". (p. 332-333)
Emmanuel Dongala, Les Petits garçons naissent aussi des étoiles, Le Serpent à plumes, 2000 (première édition 1998), 398 pages, Prix RFI-Témoin du monde 1998.