Magazine Football

Cameroun : De la colère et des choses qui doivent être dites

Publié le 24 juin 2010 par Atango

J'avais décidé de faire la grève du clavier ce soir, après avoir vu Makoun dans le onze entrant. Mais Paul Le Guen partira avec un compte en banque bien garni, les joueurs aussi. Quant à nous, il ne nous reste que les larmes pour pleurer et notre avis à donner, quand même, et surtout maintenant.

Trois matches de Coupe du Monde, aucun point de pris, cela ne peut relever ni de la malchance ni de facteurs inconnus, mais de l'incompétence crasse d'un sélectionneur qui, en 5 mois, n'a jamais pu trouver son équipe-type. Comment peut-on s'entêter à aligner Jean II Makoun, alors que son apport est nul ? Comment peut-on systématiquement faire entrer un Idrissou qui n'a rien montré depuis qu'il est revenu ? Comment peut-on passer son temps à tâtonner, au point de changer plusieurs fois son doublon en défense centrale ? Pourtant, on ne peut pas nous accuser de parler après. Tous ces reproches, nous les avons faits avant et pendant, mais Paul Le Guen a maintenu sa confiance à Makoun et à Idrissou. Cela frise le complot !

Un-coach.jpg

L'un de ces deux hommes est un entraîneur de football

Ce soir, on a vu se répéter les mêmes erreurs. A droite, Njitap était placé très haut, ce qui a obligé Mbia à jouer pratiquement sur deux positions : stoppeur et latéral droit. A gauche, Assou Ekotto a encore été abandonné par son milieu gauche : Makoun en première mi-temps, et Nguemo à partir de la 60e minute, après que "Sergent", pardon, Deuxième classe Makoun se soit enfui à droite. En attaque, Eto'o a fait un match moyen, malgré son but : trop lent, trop individualiste. Il a joué à un moment pour Samuel Eto'o Football Club. Choupo-Moting, remuant et volontaire, a pourtant essayé de lui créer le maximum de brèches. Mais le Milanais voulait marquer les esprits et sauver un petit morceau de sa Coupe du Monde.

Le problème Samuel Eto'o

En tant que capitaine, il a forcément une part de responsabilité dans ce gâchis. Vouloir mener des hommes est une chose. Être capable de le faire est une autre chose. Samuel Eto'o, qui est l'un des meilleurs footballeurs au monde, a montré qu'il était un mauvais leader, car un chef n'est pas forcément un dictateur.  Le brassard lui avait été donné pour assouvir et calmer sa soif de respect et de reconnaissance. Mais il en veut toujours plus, et il le montre de la pire des façons. Soyons clairs : si Samuel Eto'o ne montre pas l'exemple en manifestant, sur et hors du terrain, que le collectif prime sur les individus, nous devrons changer de capitaine, voire nous passer de ses services en équipe nationale. Nous n'avons pas le temps d'attendre 2014. D'ici là, son attitude néfaste aura eu le temps de faire des dégâts irréparables. Mais l'homme de Nkon peut-il encore changer ?

Quelques conseils pour lui : il faut que son discours s'oriente vers le "nous". On a parfois l'impression qu'il se considère comme le propriétaire de l'équipe nationale, et que ses coéquipiers sont en fait ses salariés.

Dans le même domaine, il doit arrêter de distribuer primes et cadeaux aux autres joueurs, ce n'est pas son rôle.

Qu'il montre avec l'équipe nationale la même abnégation qu'avec ses différents clubs. On a l'impression que les regroupements avec les Lions sont pour lui une occasion de lâcher la pression qu'il accumule tout au long de la saison.

Surtout, qu'il améliore ses rapports avec ses coéquipiers. Il doit bannir de son attitude toute arrogance. Le vrai chef, c'est celui qui se met au service de son groupe. Un leader qu'on aime et qu'on admire se fait obéir sans problème. Un leader qui veut se faire craindre ne suscitera que de la haine, source de conflits interminables. Nous en avons assez de tout cela !

Revenons aux autres joueurs.

Comme d'habitude, l'entrée d'Aboubacar Vincent a fait du bien à l'équipe. Technique, capable d'améliorer n'importe quel ballon et de se remettre dans le sens du jeu, ce jeune homme a tout pour devenir notre goléador. Malheureusement, au moment où l'équipe dominait le jeu, Paul Le Guen a eu l'idée géniale de faire entrer Rigobert Song et Idrissou. Punition immédiate par un but quelques minutes plus tard : Rigobert Song se laisse déborder par Robben, qui envoie une frappe lumineuse s'écraser contre le montant gauche de Souleymanou. Pendant qu'Assou Ekotto rêve, Huntelaar a suivi, et il marque le but qui nous crucifie définitivement.

La colère est grande ce soir, et il faut dire clairement ce qui ne va pas dans cette équipe et ce qui doit changer. D'abord, l'entraîneur. Paul Le Guen ne fera pas mieux que ce qu'on a vu. Il pourrait même faire pire. Il est temps qu'il parte, et la seule chose que nous retiendrons de lui, c'est qu'il a amené dans la sélection de jeunes joueurs talentueux. Pour le reste, il ne mérite qu'un zéro pointé !

Robben_Song.jpg

Rigobert Song : c'était son dernier. Merci pour toute cette honte depuis 2008 !

Certains joueurs doivent aussi quitter l'équipe, soit parce qu'ils sont atteints par la limite d'âge, soit parce que le niveau de leur jeu est d'une nullité à faire pleurer. Rigobert Song et Geremi Njitap auraient dû partir depuis 2008. Inutile de s'attarder sur leurs cas. Ceux qui n'ont rien montré, ceux dont le jeu fait de nous la risée du monde entier, ce sont Webo, Makoun, Nguemo et Idrissou. Le prochain sélectionneur, s'il a une once de compétence, ferait bien de les oublier. S'il ne le fait pas parce qu'il est compétent, qu'il le fasse par simple bon sens : les supporters méritent bien leur nom, mais il ne faut pas abuser de leur patience !

Le bureau actuel de la FECAFOOT, qui ne sert à rien, doit être balayé. Le pouvoir de Yaoundé, qui est pourtant prompt à agir avec la vitesse de l'éclair lorsque ses intérêts sont menacés, ferait bien de s'en occuper. Et qu'on ne vienne pas nous parler de respect des statuts ou de je ne sais quelle autre bêtise. Il ne serait simplement pas concevable qu'après une telle humiliation Iya Mohamed garde son poste, comme si de rien n'était. Voilà trop longtemps qu'il est là et que nous ne gagnons rien. Pire, nous perdons tout dans la honte la plus totale.

La presse a été en-dessous de tout durant cette Coupe du Monde. Ces pseudos journalistes, incapables d'exprimer le moindre avis compétent en matière de football, doivent être éliminés de ce type de compétitions. Lorsque l'équipe nationale est engagée et que les envoyés spéciaux de tous les grands journaux et de tous les grands sites d'information se spécialisent dans le journalisme à sensation, on ne peut qu'aboutir à ce qu'on a vu : des tensions entre les joueurs, des tensions entre certains joueurs et certains "journalistes", etc. Un joueur de haut niveau engagé dans une compétition a besoin d'être serein à 100 %. Les membres de la presse qui ont égoïstement et maladroitement exploité les rumeurs qui leurs parvenaient pour créer le buzz doivent savoir qu'ils ont une grande part de responsabilité dans l'ambiance délétère qui a régné au sein de la tanière. Il faut aussi qu'ils sachent que nous le savons, et qu'ils finiront par rendre des comptes.

Le cas Roger Milla est le plus compliqué. Cet ancien joueur bénéficie du respect d'un grand nombre de personnes. Pourtant, il n'a pas cessé de se répandre en paroles fielleuses dans la presse, sous couvert de "donner des conseils". Il porte aussi une grande part dans le fiasco actuel. Milla porte le titre d'ambassadeur, sans jamais avoir reçu la formation adaptée. Il est temps qu'il soit encadré, voire cadré par les personnes compétentes.

Choupo-Moting_Cam-Hollande.jpg

La génération actuelle mérite un projet sérieux et ambitieux. Mais, connaissant le système...

Pour finir, j'aimerais montrer de l'optimisme et dire que cette déroute est une bonne occasion de tout mettre à plat pour tout reconstruire sur des bases saines, comme l'a fait le Ghana. Mais je connais trop bien le système au Cameroun, et je sais qu'il n'en sera rien. Le ministre et le président de la FECAFOOT vont faire le dos rond et laisser passer l'orage, et tout repartira comme avant : tripatouillages électoraux, magouilles de toutes sortes, recrutement tardif d'un sélectionneur sorti d'on ne sait où, etc.

Une seule chose est sûre : ce soir, le Cameroun est redevenu une petite nation de football.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Atango 2043 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines