Magazine Culture

Incidences de Philippe Djian

Par Ngiroux

Incidences de Philippe Djian«Il avait une femme comme passagère, apparemment ivre elle aussi.  Il lui jeta un coup d’œil et s’émerveilla encore une fois qu’un vieux prof en veston et possédant une si petite voiture eût encore l’heur de séduire une étudiante – et de l’emporter dans son repaire afin d’en jouir au moins jusqu’au petit matin.»

Marc, le conducteur, cinquantaine, fumeur incurable de Winston, professeur d’atelier littéraire d’une université française, charmeur, sa conquête la plus âgée avait à peine 26 ans. Notre séducteur habite avec sa sœur Marianne avec laquelle il partage leur maison familiale, leur vie et beaucoup plus.  «Leur relation, naturellement, n’avait guère de chances d’être simple.  Rien, n’était évidemment très clair.  Ils avaient dû très tôt se serrer dans les bras l’un de l’autre, se toucher, s’étreindre, se caresser, pour enrayer leurs peurs, étouffer leurs sanglots, se cramponner l’un à l’autre aussi longtemps que la tempête durait.»

Myriam, belle-mère de l’étudiante universitaire soudainement disparue sans laisser de trace.  Marié à un militaire en mission à l’autre bout du monde.  Une rencontre fortuite avec Marc, cet écrivain raté. Coup de foudre. Je sens comme un courant électrique lorsque vous me touchez, pas vous ? Pouvait-on imaginer création plus parfaite, compagnie plus redoutable.  Un nouvel homme était né ce soir-là.

Richard Oslo, son directeur, l’homme que Marc détestait le plus au monde. L’homme qui avait le don de s’enticher des mauvais livres et des mauvais auteurs avec une étonnante régularité.  L’amant de sa sœur ? Car amertumes et ressentiments mutuels au sujet de leurs conquêtes amoureuses viennent troubler l’entente si longtemps préservée. Une enfance troublante accable nos quinquagénaires. Quoi qu’il en soit, le système qu’ils avaient mis en place, Marianne et lui, et qui leur avait permis de traverser ses quatre dernières décennies sans trop de casse. Ce système allait voler en éclats. Être amoureux ne suffisait pas, apparemment.  Ou plutôt être amoureux ne suffisait plus.

Voilà, les principaux acteurs sont présentés.  La table est mise.  Un véritable scénario de film bien ficelé parfois cocasse, parfois troublant et captivant dès la première page, pardonnez l’anglicisme, un véritable «page-turner». Le rythme est fluide et rapide, plusieurs questions demeurent sans réponses, le lecteur en restera pantois.  Un véritable plaisir, malheureusement trop court.  Un excellent Djian.



Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Ngiroux 6 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines