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Haïti: L'aide que l'on ne voit pasLa ligne s'étire sans f...

Publié le 07 mars 2010 par 509
Haïti: L'aide que l'on ne voit pasLa ligne s'étire sans fin. Dans un calme insolite, tout le monde attend sous le soleil, dans une promiscuité saine, de pouvoir pénétrer dans le bâtiment climatisé, point d'arrivée de leur calvaire.On se frôle, on échange des banalités, on parle de la pluie ou du beau temps, des tentes et de la distribution de l'aide.
Le seul sujet qui n'est pas abordé est la raison de la présence des uns et des autres dans cette file. Tous sont là pour le même motif et partagent l'espérance que le transfert attendu sera payé avant la fin de la journée. Ou avant que le caissier n'annonce, d'une mine désolée, qu'il n'y a plus de fonds et qu'il faut revenir demain.
Nous sommes devant un supermarché de Delmas, où loge l'une des innombrables agences de la Western Union, lien de la solidarité sonnante et trébuchante entre Haïti et sa diaspora.
Les maisons de transfert, celles sous cette enseigne ou sous celles de Cam, Unitransfer, Fonkoze ou Sogexpress, etc., sont devenues, avec les téléphones cellulaires, les visages de l'entraide interhaïtienne.
On appelle pour demander, espère l'appel qui dira que le transfert est parti et on rappelle pour remercier. Au passage, on passe des heures d'attente devant un guichet de paiement.
L'aide que l'on ne voit pas, qui ne fait pas les grands titres, change la vie des victimes encore plus qu'avant le séisme.
Des deux milliards de dollars transférés annuellement par les compatriotes de la diaspora, les millions reçus depuis le 12 janvier 2010 sont les seuls qui vont directement aux bénéficiaires et dont les Haïtiens peuvent disposer à leur guise.
« Cela va me permettre de mettre de la viande sur le riz qui m'est offert et d'acheter de la glace pour le bon jus que je vais préparer», lâche une dame qui parle sans cesse à Eagle Market, sur la route de Delmas.Parler semble être sa façon de faire passer le temps ou de gérer son stress d'entrer sous un toit de béton. Tout le monde a en mémoire la tragédie de Carribean Market et de ses morts, qui s'est déroulée à moins de deux kilomètres de là, le long de la même route de Delmas. Il y avait aussi un guichet de paiement des transferts dans ses murs.Tout le monde ignore la dame. Les plus polis secouent la tête en signe de muette approbation, et elle continue d'un ton badin sur ce qu'elle va faire de son pécule.« Il n'y a plus d'écolage à payer avant des mois. Plus de loyer non plus, j'ai une tente. Et plus d'enterrement pour cette année, j'espère.»Les clients qui passent faire leurs courses ne semblent ni la voir ni l'entendre. Cela ne l'empêche pas de continuer à parler.

Ces dernières semaines, les transferts ont déferlé sur Haïti, certains ont même parlé de chiffres sans précédent. Le cours de la devise américaine s'est écroulé. Faute de demande et d'offre abondante.
Pierre Marie Boisson, économiste en chef de la Sogebank, relativise: « Je ne confirme pas le "décuplement" des transferts. Ils ont augmenté en moyenne de 50% depuis le séisme. Ceci reflète probablement la combinaison d'un "accroissement de solidarité familiale", mais aussi le fait que les compagnies ont réduit à zéro leurs tarifs durant la fin du mois de janvier, incitant certainement beaucoup d'expéditeurs à "anticiper" leurs transferts futurs pour profiter de cette aubaine. »

Adrien Castera de la Unitransfer abonde dans la même direction : « Janvier 2010 a été un mois exceptionnel pour les transferts, en dépit du fait que les compagnies ont fermé leurs portes du 13 au 21 en grande majorité. Les montants des transferts ont augmenté de plus de 50%, comparé à la même période de l'année dernière. Les clients ont-ils profité du fait que les frais ont été annulés? sans doute. Mais il y a aussi l'effet solidarité qui a joué à fond. En février, les frais ont encore été annulés sur les transferts et le mouvement a continué. Les montants ont permis de faire un mois vigoureux. »


Cependant, Castera souligne que « février et mars sont des mois traditionnellement bons à cause des retours de taxes aux Etats-Unis», et s'attend à ce que cela continue de porter les transferts.


L'autre forme que prend la solidarité interhaïtienne ce sont les multiples organisations qui, dans chaque communauté haïtienne de l'étranger, s'organisent, alertent sur la situation au pays, récoltent des fonds ou des vivres. Leur action, aussi petite soit-elle, irrigue un grand ruisseau qui se fait fleuve au fil des jours.


Il y a aussi les Haïtiens qui regagnent le pays et viennent visiter parents et amis. Ils apportent dans leurs mallettes de quoi réconforter et les sommes pour la reconstruction d'une maison, pour les réparations indispensables ou pour le nouvel établissement de la famille. Ces montants souvent très importants sont inestimables et sont la partie la mieux cachée de l'aide que l'on ne voit pas.
Dans un pays où il n'y a pas d'assistance sociale, où peu de gens étaient couverts par une assurance, la famille établie à l'étranger est la principale et souvent la seule soupape de sécurité.

« La réponse de la diaspora a été aussi rapide que l'aide internationale. L'après-12 janvier est absolument lié à l'implication de la diaspora. » C'est en ces termes que le ministre des Haïtiens vivant à l'étranger, Edwin Paraison, a fait ressortir, le mercredi 24 février 2010, l'importance des organisations socioprofessionnelles haïtiennes des États-Unis, du Canada, de la France, de la Guadeloupe, etc. déterminées à aider le gouvernement à gérer la crise dans la perspective de la reconstruction nationale.

Accompagné de différents représentants d'organisations de la diaspora, M. Paraison a fait état des différentes missions d'assistance humanitaire mises sur pied par les Haïtiens de l'extérieur qui ont élaboré des budgets pour voler au secours des rescapés de la catastrophe dévastatrice du 12 janvier, qui a fait près de 300 000 morts, des centaines de milliers de blessés et de disparus. « Haïti a reçu le plein soutien de la diaspora après le cataclysme du 12 janvier 2010 », a précisé le ministre.


84% des cadres professionnels haïtiens vivent à l'étranger, selon un rapport produit avant le séisme. « Il est donc urgent que le ministère des Haïtiens vivant à l'étranger assure le transfert des compétences vers Haïti pour mettre leur savoir-faire au service du pays », a expliqué M. Paraison.


Le MHAVE a déjà établi une base de données, selon le ministre, sur les Haïtiens vivant à l'étranger et leurs domaines de compétence respectifs, de sorte que le pays puisse éventuellement bénéficier de leurs services. « Plus de quatre millions de membres de la diaspora de nationalité ou d'origine haïtienne ont été recensés. Ils transfèrent plus de deux milliards de dollars par année vers Haïti. Cela constitue un levier important dans l'économie nationale », a-t-il ajouté.


Comment passer de ce constat aux actes, toute la difficulté de l'exercice étant dans sa mise en oeuvre.
Pendant ce temps, les transferts continuent et les échanges de compétences interhaïtiens peinent à prendre forme.Frantz Duval et Angie Marie Beeline Joseph

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LES COMMENTAIRES (1)

Par Franck NA
posté le 14 mai à 14:18
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communication du R.P. Edwin PARAISON, ministre des Haïtiens à l’étranger : http://www.darksite.ch/alachaine/spip/spip.php?article126 HAÏTI a besoin de sa diaspora.

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