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Des bouffons dispendieux, par Daniel Faivre

Publié le 17 février 2010 par Roman Bernard
Titre alternatif : Dépenser plus pour gâter plus
Daniel Faivre est professeur de français, à la retraite depuis quatre ans. Il anime un site consacré aux questions éducatives, l'Observatoire du laxisme à l'école.
Des bouffons dispendieux, par Daniel FaivreRien de plus comique, ou de plus triste, que cette fuite en avant financière pour affronter la violence à l’école. Pour la droite, il faut du sécuritaire : clôturer, filmer, filtrer. Pour la gauche, les sempiternels « moyens » : plus de surveillants, de professeurs, d’auxiliaires de tous ordres. Les niaiseries respectives de leurs dépenses inconsidérées et vaines, sont formalisées dans du politiquement correct qui nous empêche d’éclater de rire ou de colère.
Pardonnez le simplisme populaire — le fameux « populisme » — de ces quelques remarques :
  • Pourquoi ne s’offusque-t-on pas de la double peine du citoyen lambda, payant l’école publique par ses impôts et repayant l’école privée pour que son enfant puisse travailler tranquillement ?
  • Va-t-on renforcer la ghettoïsation des banlieues avec des grilles, des caméras, des portiques alors qu’à l’école des riches un simple contrôle suffit ?
  • Croit-on que cette ambiance sécuritaire créera une atmosphère propice au travail, au respect, à la confiance ? Ou bien que multiplier des surveillants et des professeurs impuissants, complaisants et déprimés sera une solution ?
Un garçon ou une fille respecte un adulte qui n’a pas peur de lui ou d’elle ; un adulte qui, tout naturellement, exerce son autorité pour contenir ses débordements, tout aussi naturels. L’autorité est une valeur morale, elle ne s’achète pas, elle est une forme de courage et d’amour. Le sécuritaire, c’est de la trouille ; l’enfant-roi, de la démission.
L’Observatoire du laxisme à l’école propose depuis sa création de rétablir cette valeur d’autorité au cœur de l’éducation. Le privé sait bien par exemple que celui, ou celle, qui enfreint les règles de bonnes civilités est écarté pour le bénéfice de tous. Pourquoi, dans le public, doit-on faire supporter aux professeurs et aux élèves l’arrogante provocation du petit caïd ou de la plus délurée ? C’est pourquoi notre site ne s’est pas contenté de dénoncer mais a proposé des mesures de bon sens, concrètes, radicales et gratuites. Principalement cinq :
  1. Responsabiliser les chefs d’établissements qui assument et dirigent. C’est dire qu’il faut leur donner le maximum d’autonomie pour expérimenter.
  2. Séparer pendant l’adolescence (collège), les filles et les garçons, à la maturité décalée, mais à la libido identiquement explosive.
  3. Contrer les influences pernicieuses, vicieuses et mercantiles de la vidéosphère (télé, clip, etc.) en instaurant le port de l’uniforme qui aplanit, égalise, excepté la différence naturelle fille-garçon. Et de plus, donne une fierté d’appartenance…
  4. Pédagogiquement, dépasser les objectifs superficiels d’animation et de communication, pour viser l’acquisition des savoirs et des savoir-faire. En un mot : transmettre.
  5. Donner une âme et une ouverture sur le monde par un jumelage de chaque école avec une autre d’un pays pauvre.

Sans bourse délier, sans grever le budget de l’État, mais en affrontant résolument, non pas l'opinion publique, revenue des utopies d’antan et prête à changer de cap, mais des partis politiques et des médias dont le fonds de commerce est le dénigrement, le jeunisme et le conformisme.
Pour éduquer les jeunes, redevenir professeur sera déjà beaucoup ; si en plus, pour les élever, ils ont la chance d’avoir une mère et un père, alors l’avenir est à eux.
Daniel Faivre
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