Son nom, c’est Robert. Mais appelez-le bob. Son boulot ? Plongeur. Pas dans un restaurant. Dans tous les océans et les mers du monde. De la méditerranée à la Polynésie, de l’océan indien à l’arctique, le Narval est l’un des meilleurs plongeurs en activité. Il travaille pour son père, un drôle de personnage qui a fondé l’agence Bloodshift en 1954. L’agence répond aux missions les plus délicates : récupérer un container radioactif, retrouver l’épave d’un galion qui a disparu depuis des siècles, plonger sous la banquise pour des expériences scientifiques… Le problème, c’est que si le Narval est à l’aise comme personne au fond de l’eau, en surface, les choses sont souvent plus compliquées.
L’album contient cinq histoires différentes d’une dizaine de pages chacune. C’est un recueil de nouvelles, mais en BD. Beuzelin et Supiot ont créé un héros qui s’inspire de quelques grands anciens : un soupçon de Spirou, une bonne rasade de Gil Jourdan, et même une petite dose de Natacha, l’égérie hyper sexy de Walthéry (surtout pour les similitudes avec les scènes sous-marines du Treizième apôtre, un des meilleures albums de la série). Certes, leur Bob est plus dans l’air du temps. Ce n’est pas le héros indestructible qui s’en sort toujours sans encombre. Il a un coté loser qui est une marque de modernité en bande dessinée.
Au niveau graphique, un nom me vient à l’esprit lorsque je regarde le travail de Boris Beuzelin : Vehlmann et son Spirou chercheur de trésors archéologiques dans Les géants pétrifiés (Dupuis, 2006). La ressemblance est surtout frappante dans l’histoire qui se déroule en Polynésie. De toute façon, il n’y a pas de doute à avoir. On est en pleine BD franco-belge. C’est du grand classique, et c’est pour cela que les amateurs ne seront pas déçus. Cet album propose du dépaysement, des rebondissements et de l’action. Un bon divertissement, rien de plus. Un souci quand même avec les dialogues. Je n’ai pas les oreilles chastes, loin de là, mais j’ai un peu été surpris par la grossièreté des dialogues dans la première histoire. Cette grossièreté un peu gratuite sonne faux et alourdit la fluidité du récit. Mais tout rentre dans l’ordre par la suite et les échanges entre les protagonistes deviennent moins artificiels.
Voila donc un premier tome qui mérite que l’on s’y attarde pour peu que l’on aime la bande dessinée classique. Vous l’aurez compris, il n’y a là rien de révolutionnaire, mais personnellement je ne regrette pas mon achat et je serais partant si un second volume voit le jour.
Le narval T1 : l'homme de fond, de Boris Beuzelin et Olivier Supiot, édition Treize étrange, 2010. 9,90 euros.
L’info en plus : Les éditions Treize étrange, qui appartenaient au groupe Milan, ont été rachetées il y a quelque temps par Glénat. Elles possèdent un catalogue qui comprend des séries de très grande qualité. Citons en particulier Achab et Ratafia qui sont les symboles d’une maison d’édition ayant toujours privilégié la qualité à la quantité. C’est suffisamment rare pour être signalé.