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Le retentissant échec de la diplomatie atomique de Sarkofrance

Publié le 29 décembre 2009 par Juan

Le retentissant échec de la diplomatie atomique de SarkofranceDimanche soir, Nicolas et Carla Sarkozy ont dîné avec le roi du Maroc, dont ils sont les invités depuis vendredi. Le dîner a été pollué par une mauvaise nouvelle pour la diplomatie atomique du président français.
Echec nucléaire
L'Elysée avait demandé aux entreprises françaises concernées de rester discrètes. Mais la nouvelle a fuité de Corée du Sud. Malgré les efforts déployés par Nicolas Sarkozy, la France a été recalée pour la construction d'installations nucléaires. C'est un consortium sud-coréen dirigé par le groupe d'électricité Kepco, associé à Hyundai, Samsung et au japonais Toshiba-Westinghouse, qui a emporté " la conception, la construction et l'assistance au fonctionnement " de quatre réacteurs nucléaires de 1400mégawatts chacun, pour un montant total de 20,4 milliards de dollars (14,11milliards d'euros). Les rivaux français EDF, GDF Suez, Areva, Total, Alstom et Vinci, alliés à General Electric-Hitachi, ont perdu la manche. Côté Français, on se console comme on peut, en imaginant que la seconde tranche de travaux reste ouverte. Un second contrat doit en effet porter sur l'exploitation des quatre réacteurs vendus. La France espère aussi que la vente d'une soixantaine d'avions militaires sera toujours possible.
Diplomatie atomique
La promotion de la filière nucléaire française est l'axe dominant de la diplomatie sarkozyenne depuis mai 2007. Il ne s'est pas passé un déplacement, un rapprochement, une rencontre sans que Nicolas Sarkozy ne tente de signer un accord nucléaire, qu'il s'agisse d'assistance ou de construction. En mai dernier, Nicolas Sarkozy s'était déplacé en personne pour l'inauguration d'une base militaire française flambant neuve. Il était accompagné de la moitié des patrons des entreprises du CAC 40. A l'époque, on espérait déjà conclure la vente de 60 Rafales. Neuf mois plus tard, l'affaire traine toujours.
L'EPR en question
Pour expliquer l'échec français à vendre sa technologie nucléaire, on avance deux raisons : un prix était trop élevé; l'engagement d'EDF (45% du consortium), souhaité par l'émirat, fut jugé insuffisant et tardif. Claude Guéant a aussi critiqué l'impréparation du consortium français : "L'équipe de France [a] mis trop de temps à se mettre en ordre de bataille. Mais nous croyons dans l'EPR, qui a le niveau de sûreté le plus important au monde". Le secrétaire général de l'Elysée peut être amer. Il s'est personnellement investi dans l'affaire.
Une dernière explication est évidemment passée sous silence: l'EPR était-il au nucléaire ce que le Rafale est à l'aviation militaire, une technologie coûteuse et invendable ? La faiblesse technologique de l'installation française ne peut être écartée. . Le réseau Sortir du Nucléaire a profité de cet échec commercial pour rappeler les déboires du programme EPR. Dans un communiqué intitulé "le flop monumental du réacteur nucléaire EPR", il a appelé le gouvernement à stopper son programme EPR : "Présenté comme le 'fleuron' de l'industrie nucléaire française, le réacteur nucléaire EPR accumule les plus graves déconvenues, dont la dernière en date est un échec tonitruant à Abou Dhabi".

Finlande :
Commencé fin 2005, dirigé tant bien que mal par Areva, le chantier compte à ce jour (en attendant de probables nouvelles révélations) 44 mois de retard et 3 milliards d'euros de surcoût… qui vont d'ailleurs être payés par les français.
Cf http://bit.ly/2k2gNG
Un comble: Areva attaque en justice internationale son client finlandais TVO. Voilà qui ne risque pas de décider d'autres sociétés d'acheter un EPR !
Cf http://www.romandie.com/infos/news2/091020142942.v6nurzzj.asp
Flamanville :
Commencé fin 2007, dirigé (lui aussi tant bien que mal) par EDF, le chantier compte déjà un an de retard et 1 milliard d'euros de surcoût.
Cf http://www.lemoniteur.fr/137-energie/article/actualite/595692-epr-de-flamanville-un-an-deja
ou http://www.lexpress.fr/actualite/economie/retard-en-vue-pour-l-epr-a-flamanville_648621.html
De toute évidence, ce chantier suit le triste "exemple" de celui de Finlande et va aggraver ses retards et ses surcoûts tant les déboires s'accumulent.
Cf par exemple : http://bit.ly/2joCDs

Autrement dit, personne ne sait vraiment, pas même en France, combien coûte l'installation puis l'exploitation d'un EPR. Même en France, le système n'est pas rôdé. Une seule chose est sûre : il coûte plus cher que les 3,5 milliards d'euros initialement avancés...
Un marché étroit
Contrairement aux espoirs sarkozyens, le marché international du nucléaire reste relativement figé. La technologie française est trop coûteuse pour la quasi-totalité des pays du monde. Toute exportation signifie donc subvention. Là est le dilemme : la Sarkofrance doit se préparer à subventionner sa technologie si elle veut l'exporter.
Les marchés "normaux" sont en effet peu nombreux, et souvent réticents à investir, à l'exception de la Chine, dont le programme nucléaire est "pharaonique" : l'Afrique du Sud a suspendu son programme. La crise a bloqué celui des Etats-Unis. La Russie se réserve à ses industries locales. Restent l'Inde, le Royaume-Uni, l'Italie et la Turquie. Cette dernière entend s'équiper de 4 centrales. Déjà, le vainqueur d'Abou Dhabi, le sud-coréen Kepco, a annoncé qu'il souhaitait se porter candidat.
Dimanche, l'Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire révélait un nouvel incident à la centrale de Fessenheim, en Alsace.
"Dans la nuit du samedi 26 au dimanche 27 décembre 2009, le réacteur n°2 de la centrale de Fessenheim (Haut-Rhin) était en cours de redémarrage, en état d’arrêt à chaud, après un arrêt de production. La perte du système de refroidissement du réacteur a conduit au déclenchement du plan d’urgence interne (PUI) de la centrale à 05h55, et à la mise en place de l’organisation nationale d’urgence par l’ASN, dont le gréement du Centre technique de crise (CTC) de l’IRSN. Une trentaine d’experts de l’Institut se sont rapidement mobilisés sur le site de Fontenay-aux Roses et au Vésinet."
Tout va bien en Sarkofrance.

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