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Sarkozy se dérobe... surpris ?

Publié le 20 novembre 2009 par Juan

On a beaucoup jasé sur l'absence de Nicolas Sarkozy au Congrès des Maires de France. Mardi, le président français s'était échappé en Arabie Saoudite pour un voyage semi-privé. Il n'est revenu que mercredi après midi, juste à temps pour aller assister à la victoire contestée de l'Equipe de France de football contre l'Irlande, au Stade de France à Paris. Jeudi, Alain Juppé et Michel Rocard livraient leurs conclusions sur le fameux "grand emprunt". Le projet apparaît pour ce qu'il ait : un effet de communication dangereux.
Sarkozy fuit-il les maires ?
Le Monarque avait lui-même promis d'y assister
. Ces prédécesseurs François Mitterrand ou Jacques Chirac ne s'y étaient rendus que très rarement. Mais Nicolas Sarkozy, bravache, avait fait le fier il y a un an: "je n'imagine pas qu'un président de la République puisse s'exonérer d'entendre ce qu'ont a lui dire des maires de toutes tendances politiques et de toutes les régions. " Nicolas Sarkozy était venu, pour faire un numéro de claquettes devant les maires. Rappelez vous. Les Maires à l'époque ont retenu leurs sifflets. Ils ont eu tort.


Discours Nicolas Sarkozy - Réforme des collectivités locales
par Richard-MALLIE
Mercredi dernier, Luc Chatel avait tenté de justifier l'absence de son patron... en vain.
Le voyage en Arabie Saoudite était un prétexte évident. En qualifiant ce déplacement de "semi-privé", l'Elysée avouait la dérobade. Point de journaliste, à l'exception d'un correspondant de l'AFP. De rares photos... Quand on connaît le besoin narcissique et politique qu'a le président de se faire accompagner, photographier, écouter à chacun de ses déplacements, on comprend l'ampleur de la trouille. Le Monarque, cette semaine, ne voulait pas affronter une assemblée de maires énervés par sa double réforme des collectivités territoriales. Les élus locaux, à droite comme à gauche, craignent pour leur autonomie financière. La réforme de la taxe professionnelle les prive de ressources, que l'Etat va compenser en 2010, mais dont la répartition par territoire, à compter de 2011, reste floue. Mardi dernier, Sarkozy a envoyé son "collaborateur" Fillon affronter les maires de France. Ce dernier fut sifflé. On soulignera son courage, inversement proportionnel à celui de son patron.
Cette dérobade sarkozyenne est symptomatique de Sarkofrance. Nicolas Sarkozy est fort avec les faibles, faible devant les forts. Il déteste la contestation. Il craint la critique. Rappelez vous l'une de ses premières reculades publiques. A l'annonce de sa venue, son nom fut copieusement sifflé en 2008 lors d'un rassemblement, à Bercy, des apprentis de France.
Mardi, Nicolas Sarkozy a eu peur. Il est pourtant président...
La fuite de Sarko en Arabie Saoudite
par Rive-gauche

Autre dérobade, le Grand Emprunt

Le 23 juin dernier, satisfait de ses 28% de voix aux élections européennes, Nicolas Sarkozy avait cru bon de proposer un "grand emprunt national", une façon de retourner à son avantage la polémique grandissante sur l'ampleur des déficits et de la dette publics. Il avait rapidement nommé deux anciens premiers ministres, Alain Juppé et Michel Rocard, pour coprésider une commission d'experts qui devaient réfléchir au montant et à ses finalités. Il aurait mieux fait de les faire plancher sur la bonne utilisation des dépenses publiques existantes. En octobre, Sarkozy coupe court à une polémique au sein de son propre camp: le grand emprunt ne sera "que" de 35 milliards maximum. L'emprunt en question devient anachronique : l'Assemblée débat depuis des semaines du projet de budget de l'Etat pour 2010 (adopté mardi), qui prévoit déjà quelques 212 milliards de besoin de financement supplémentaire pour l'an prochain !
Jeudi, Juppé et Rocard ont rendu leur copie : 35 milliards, qui ne sont en fait que 22 quand on déduit les 13 milliards de prêts aux banques que l'Etat s'est vu remboursé. Certains s'inquiètent : cet endettement risque de faire porter l'endettement national au-dessus de la barre fatidique des 10% du PIB... La vacuité du projet sarkozyen est ailleurs : les experts encadrés par Rocard et Juppé ont débattu 6 mois pour trouver la martingale : il faudra que l'emprunt serve à 7 domaines prioritaires: l'enseignement supérieur et la recherche, les PME innovantes, les sciences du vivant, les énergies décarbonisées et la gestion des ressources, la ville de demain, la mobilité du futur, et la société numérique. Incroyable ! Six mois pour sortir un tel catalogue à la Prévert. Faudrait il comprendre que les 212 autres milliards d'euros que l'Etat va emprunter l'an prochain ne couvrent aucun de ces domaines ?
Une fois encore, Sarkozy se dérobe
. Le grand emprunt est une belle diversion, pour éviter de parler des sujets qui fâchent: les priorités fiscales du gouvernement, tant du côté des recettes que des dépenses.
Ami sarkozyste, où es-tu ?

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