Le poisson,
victime de son succès
Souvenez-vous, c'était il y a quelques années… A l'époque, le mot « poisson » nous évoquait au mieux la sole meunière préparée par mamie le dimanche midi, au pire les sardines huileuses servies à la cantine. Le poisson a longtemps été un aliment mal aimé, consommé surtout le vendredi et qu'on était prêt à sacrifier sans un regret si jamais une entrecôte passait à portée de main...
Tout cela a bien changé. Le poisson a gagné ses lettres de noblesse.
84 millions de tonnes en sont consommées chaque année dans le monde entier, contre seulement 20 millions en 1950.
L'engouement pour la cuisine asiatique y est bien sûr pour beaucoup, sans compter qu'on vante de plus en plus les bienfaits du poisson : pauvre en graisse, riche en vitamines, en protéines et en oligo-éléments.
Eh bien, voyez-vous, le poisson n'en demandait pas tant... Lui, il aimerait bien sans doute barboter un peu plus longtemps avec ses congénères, histoire notamment d'assurer sa reproduction avant de se retrouver dans votre four, thermostat 6, entre deux brins de fenouil. Mais ce n'est souvent pas le cas. Résultat : les océans se dépeuplent dramatiquement, et de nombreuses espèces sont en voie de disparition.
Le plus emblématique, c'est le thon rouge de Méditerranée. Eh oui, ce succulent thon rouge, qui finit 7 fois sur 10 en sushis. Sa disparition pourrait être effective d'ici une poignée d'années.
En voie d'extinction également, le lieu, la sole, l'espadon, le flétan, le carrelé ou encore la morue, plus connue sous le nom de cabillaud.
Eh oui, même en consommant d'inoffensifs poissons panés rectangulaires, on contribue à la disparition d'une espèce. Le stock de cabillaud a été divisé par 5 en 20 ans.
Passons maintenant au saumon. Il est bien loin le temps où des saumons bien dégourdis sautaient par millions dans nos rivières. Aujourd'hui, le saumon sauvage se fait de plus en plus rare.
Quant au saumon d'élevage, sachez qu'il est nourri à la farine de poisson et nourri de colorants pour le rendre bien rose… Choisissez donc plutôt le saumon d'élevage bio. Il est certes plus cher, mais son goût est absolument incomparable.
Que dire maintenant de ces poissons exotiques, qui ont fait leur apparition ces dernières années chez nos poissonniers ? Ils ont de jolis noms, bien poétiques : perche du Nil, panga...
mais cachent une réalité pas vraiment rose.
Le Panga par exemple est un poisson produit à l'échelle industrielle au Vietnam depuis une dizaine d'années. Comme l'animal ne se reproduit pas naturellement en captivité, les éleveurs lui injectent des hormones de femme enceinte. Le panga est ensuite nourri de déchets de poisson avant de traverser la moitié de la planète en avion pour venir dorer dans votre poële. Pas très écolo, tout ça…
Quant à la Perche du Nil, rendue célèbre par le film Le cauchemar de Darwin, son impact sur les économies locales africaines peut être discuté, mais on ne peut pas nier en revanche les ravages de cette espèce invasive sur la biodiversité ni le coût carbone de son transport en France.
Alors, que faire, que choisir ? Il y a, rassurons-nous, encore des poissons dont les stocks sont abondants. Pas de problème pour la Sardine, l'églefin, le bar, le hareng, le merlan, le lieu noir, le maquereau, le rouget barbet, la raie ou encore le thon.
Le tout évidemment est d'en avoir une consommation raisonnée… d'éviter les filets tout préparés, au profit des poissons entiers et de les choisir de bonne taille pour ne pas cautionner la pêche des jeunes poissons, qui a un effet désastreux sur la reproduction des espèces.
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LES COMMENTAIRES (1)
posté le 10 décembre à 17:06
A savoir que la plupart des Bars sont issus d'élevage... et il n'est pas abordé le sujet de la crevette ou d'autres crustacés ou échinodermes comme l'oursin. Là, il ne faut rien demander au niveau écologique.