[MP3] DM Stith – A Soft Seduction (David Byrne cover)
À l’occasion de la sortie du deuxième EP de DM Stith, Thanksgiving Moon, le DS inaugure avec lui une nouvelle rubrique, dédiée aux interviews des Delicious Artists…
On the occasion of DM Stith second EP release, Thanksgiving Moon, we inaugurate with him a new DS heading, dedicated to Delicious Artists interviews…
Delicious Scopitone: I’ve read that you own some vinyl collections of 50’s-60’s love songs. Did you cover The Ronettes-Be My Baby because you like it and/or because one of your songs has the same title ?
J’ai lu que tu possèdes une collection de chansons d’amour des 50’s-60’s en vinyl. As-tu repris Be My Baby des Ronettes parce que tu aimes cette chanson et/ou parce que l’une des tiennes a le même titre ?
DM Stith: I love Be My Baby! — I was pretty obsessed with Phil Spektor and his wall of sound a decade ago, scrambling to hear every thing Phil touched, and this Ronettes song was my favorite of the bunch. Also, before that, while I was still in high school, I used to work at a laundromat which played the 50’s station constantly. Each 5 or 6 hour shift was a time warp for me. I still smell the fabric softener when I hear a 50’s love song.
J’adore Be My Baby ! Il y’a une dizaine d’années, j’étais presque obsédé par Phil Spektor et son « mur de son », je me suis précipité sur tout ce qu’il avait fait, mais cette chanson des Ronettes était ma préférée du lot. Et aussi, avant ça, alors que j’étais encore au lycée, je travaillais dans une laverie automatique, avec en fond sonore une radio qui diffusait en permanence des airs des 50’s. Les journées de travail étaient pour moi une faille spatio-temporelle. Je sens encore l’odeur de l’adoucissant quand j’entends une chanson des années 50.
DS: Your cover is very far from the original, very personal. Have you something to say about it, how you’ve « re-written » it…?
Ta reprise est très éloignée de l’original, très personnelle. Comment expliques-tu cela ?
DMS: I tend to use background voices a lot in my songs — this has to do with my creative process. I use high vocal lines to help sketch out parts for other instruments. Sometimes I become attached to these little sketch lines and I end up leaving them in the final recording. Be My Baby has such an iconic background vocal part (the echo of be my baby on the chorus) and I was thinking about shared suffering and group think and in some ways was feeling left out of that sort of involvement in art. I don’t think of my self as a voice for other people in the way that pop songwriters tend to bend their creative voice in order to accompany. So I decided, in order to sing this for myself, I’d need to let it be sort of desolate and trying. So I left out the background vocals and made the lead vocal in the chorus sound close to a wail.
J’ai tendance à utiliser beaucoup de choeurs dans mes chansons (cela a à voir avec mon processus créatif). J’utilise des lignes vocales aiguës pour m’aider à faire émerger les partitions pour d’autres instruments. Parfois j’en arrive à m’attacher à ces premières ébauches et finalement je les laisse dans la version définitive. Les choeurs dans Be My Baby sont tellement cultes (l’écho des « be my baby » dans le refrain) et j’avais en tête le « shared suffering »* et le « group think »** et quelque part je me sentais étranger à cette sorte de démarche artistique. Je ne me vois pas comme une voix à disposition des autres, dans le sens où les chanteurs pop ont tendance à orienter leur création vocale pour « accompagner ». Alors j’ai décidé, afin de la chanter pour moi, que j’aurais besoin de la laisser être, en quelque sorte, sombre et pénible. J’ai laissé tomber les choeurs et la voix principale sonne comme une plainte dans le refrain.
* shared suffering: méthode informatique qui consiste à formater le système de sorte à ce que le plus grand nombre puisse s’en servir, et de là, si un problème survient, il y a plus de chances que toutes ces personnes trouvent une solution.
** group think: groupe de réflexion où toute subjectivité est bannie, chacun doit se fondre dans la masse afin d’arriver à une sorte de consensus.
DS: One year ago, we could download Ichabod And Apple from a hidden page on dmstith.com, then you have released some of these first songs, but with new titles, Coal Hill 1 is now « Your God Is A Lion… » An Ambiguous Siren is « Lacuna A », well, why did you change the titles ?
Il y a un an, on pouvait télécharger Ichabod And Apple [sorte de recueil de ses premières démos] sur une page cachée de dmstith.com. Puis tu as sorti certaines de ces premières chansons, mais sous d’autres titres. Pourquoi les avoir modifiés ?
DMS: Aha! Well, I removed some of them from the site because I realized I might have more I want to do with these things. And also, I didn’t want these to be the first things people heard. These were song ideas — those names were something I gave them off the cuff. I think I felt that after I worked on them more, I wanted them to have titles more contiguous with my other works. But the titles still, for me anyway, evoke approximately the same thing. Coal Hill 1 and Your God is a Lion both seem ominous and dark — a shadowy form, not moving, full of history…
Aha ! Et bien, j’en ai supprimé quelques-unes parce que j’ai réalisé que j’aurais peut-être envie d’en faire quelque chose. Et aussi, je ne voulais pas que ce soit les premiers trucs que les gens écoutent. C’était des idées de chansons et je leur avais donné des titres vite fait. C’est après que je les aie retravaillées que j’ai voulu qu’elles aient des titres plus en relation avec mes autres morceaux. Mais de toute façon selon moi, les titres évoquent toujours à peu près la même chose. Coal Hill 1 [la Colline des Mines 1] et Your God Is A Lion Recently Fed, Drowsy [Votre Dieu Est Un Lion Qui Vient D'Être Nourri, Somnolent] sont tous deux menaçants et sombres, une forme imprécise, immobile, pleine d’histoire…
DS: Have you ever thought of songwriting before you met Shara Worden ? In all the interviews it sounds like you were only a listener until she gave you Protool. Was it that sudden ?
N’avais-tu jamais pensé à écrire des chansons avant de rencontrer Shara Worden ? Toutes les interviews donnent l’impression que tu n’étais qu’un auditeur avant qu’elle te donne Protool. Est-ce que c’est vraiment arrivé aussi subitement ?
DMS: I had a 4-track that I bought my senior year of high school which I brought with me to college. I used to record strange sounds of static on the radio, water heaters, arguments down the hall, sometimes my acoustic guitar… but these were things for myself and no one else. I didn’t start writing what I’d call « songs » until I met Shara. First thing was a song called « summersong » — it’s on Ichabod & Apple — which ends with a big cluster of me singing « sum-mer-time! » The song took me a day to write and record> yeah, it felt pretty sudden.
J’avais un 4pistes que j’avais acheté en dernière année au lycée et que j’ai emmené avec moi à la fac. J’enregistrais des bruits bizarres, des parasites à la radio, l’eau dans les radiateurs, des discussions dans les couloirs, parfois ma guitare accoustique… mais c’était des trucs pour moi et moi seul. Je n’ai commencé à écrire ce que j’appellerais des « chansons » qu’après avoir rencontré Shara. La première était une chanson intitulée « Summersong » (elle est sur I & A) qui se termine dans un gros cluster *** de ma voix scandant « sum-mer-time ! » Cela ne m’a pris qu’un jour pour l’écrire et l’enregistrer. Ouais, c’était plutôt soudain.
*** cluster: (ou grappe de sons voisins) agrégat de notes espacées d’un intervalle de secondes (merci wiki)
DS: A lot of critics said that Braid Of Voices is one of the best songs they ever heard, and it’s true it’s easy to enjoy it as a listener. Was it that easy too for you to write it ?
De nombreux critiques ont dit que Braid Of Voices est une des plus belles chansons qu’ils aient entendu, et c’est vrai que c’est facile de l’apprécier en tant qu’auditeur. Est-ce que cela a été aussi facile pour toi de l’écrire ?
DMS: Hmm. Braid of Voices sat with me for a long time. I didn’t own a piano, but a church about a mile from where I was living had given me a key so that I could write using their piano, but it had to be at night, after 9pm, because other wise, some part of the church building was in use and I could count on some strange noises or people walking around, which would have been very distracting. So, I’d spend 2 hours at a time playing those chords, maybe playing some others and just waiting for it to start feeling like a song. I have 8-9 minute sketches of the song in something close to what’s on Heavy Ghost (same with GMS — it was originally much much longer). I had been working on Braid of Voices for 5 months before I was forced to finish it. I went to San Diego to work with Rafter on mixing the record. We spent two weeks, and during the second week I tried to finish of Braid — it didn’t have any drums, and the majority of the choir on the second half was missing. It came together quickly in the end, but I had to wait for it. So no, not easy to write, though each part felt like a gift, I had to wait months between gifts.
Hmm. Braid of Voices est restée avec moi pendant longtemps. Je n’avais pas de piano, mais j’avais les clés d’une église, à environ 1,5km de chez moi, pour pouvoir aller composer sur leur piano, mais je devais y aller de nuit, après 21h, parce que sinon, l’église était ouverte et j’aurais dû faire avec les étranges bruits de pas des gens autour et cela aurait été très perturbant. Donc je passais deux heures à jouer ces accords à chaque fois, peut-être quelques autres et j’attendais juste que cela commence à ressembler à une chanson. J’ai des démos de 8-9 minutes de cette chanson, quelque chose d’assez proche de la version d’Heavy Ghost (pareil qu’avec GMS, qui était au départ beaucoup plus longue). J’ai travaillé sur Braid Of Voices pendant 5 mois avant d’être forcé de l’achever. Je suis allé à San Diego pour mixer l’album avec Rafter. On y a passé deux semaines, et pendant la deuxième semaine, j’ai essayé de finir Braid (je n’avais aucune percussion et il manquait la majeure partie des choeurs de la seconde moitié) Tout s’est mis en place très vite à la fin, mais j’ai dû attendre jusque là. Donc non, pas facile à composer, bien que chaque partie m’ait fait l’impression d’être un cadeau, j’ai dû attendre des mois entre chaque cadeau.
DS: And to finish two things I’ve noticed, though I’ve no real question to ask about:
You say you like walking, you also say that the first part of your writing process is done in your room, sitting at your desk. There are many (song)writers who create while walking. Are you a kind of « sitting-at-desk-artist » ? -I know it’s sounds like a joke-
Pour finir, deux choses que j’ai remarquées, sans avoir vraiment de question à ce propos:
Tu dis que tu aimes marcher et aussi que la première partie de ton travail d’écriture se fait dans ta chambre, assis à ton bureau. Beaucoup d’auteurs (de chanson) créent en marchant. Es-tu une sorte « d’artiste-qui-crée-assis » ? -je sais, ç’a l’air d’une blague-
DMS: I usually sit at some point in the process, but not necessarily in the beginning. I write lyrics at my desk, and I record all my sketches in my bedroom at something like a desk, but I don’t listen best at my desk, so I tend to take recordings of songs with me on long walks. It helps me to be moving when listening to music.
Bien sûr je m’assois à un certain moment du processus créatif, mais pas forcément au début. J’écris les paroles à mon bureau, j’enregistre toutes les démos dans ma chambre, où j’ai une sorte de bureau, mais les meilleures écoutes ne se font pas à ma table de travail, j’ai tendance à aller faire de longues ballades à pied en écoutant mes enregistrements. Ca m’aide, d’être en mouvement, quand j’écoute de la musique.
DS: You compare your writing process to painting, but in your blog you talk a lot of cooking. The way you talk about your writing process makes me think about « experimental » cooking, you know, « a pinch of that, having a taste, maybe more of this, having a taste… »
Tu compares ton processus créatif à celui de la peinture, mais dans ton blog tu parles beaucoup de cuisine. La façon dont tu parles de ton processus créatif me fait penser à de la cuisine « expérimentale », tu sais « une pincée de ceci, on goûte, peut-être un peu plus de ça, on goûte… »
DMS: My experimentation is usually necessitated by my poorly stocked kitchen. What can one do with kale and an avacado and some black eyed peas? well, add a little lime juice and you have something! It is similar to songwriting in a way. I think of my songs as consumables in a way. Others think of songs as fashion accessories or like books. Songs are food for me.
Mon expérimentation [culinaire] est dûe la plupart du temps au fait que j’ai peu de réserves dans ma cuisine. Qu’est-ce qu’on peut bien faire avec du chou, un avocat, et quelques haricots « oeil noir » ? Et bien, ajouter un petit jus de citron vert, et voilà ! C’est similaire à l’écriture de chanson d’une certaine manière. Je conçois mes chansons comme étant consommables d’une certaine manière. Certains conçoivent leurs chansons comme des accessoires de mode ou comme des livres. Les chansons sont pour moi une nourriture.
[J'avais entendu dire que DM Stith était très gentil et professionnel, et bien c'est absolument vrai. Merci à lui.]
[I was told DM Stith was very kind and professional, well it's absolutely true. Thanks to him.]
Pour en savoir plus / to learn more:
http://dmstith.com
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