Les rentrées littéraires ont ceci de plaisant qu'elles nous offrent toutes sortes de productions d'amis dont il est agréable de parler. Vous vous en êtes aperçu, d'ailleurs, si vous lisez régulièrement ce blog.
Aujourd'hui, Eric Masserey. Bernard Campiche, qui sait faire bien les choses, republie en édition de poche un de ses livres paru primitivement aux Edition d'Autre Part, à quoi il adjoint des récits de voyage dont certains, si je ne m'abuse, avaient été pris par la revue Ecriture.
Le premier récit, Une si belle ignorance (généalogies), est tout ce qu'il y a de bouleversant. Adressé à un fils qui n'a pas survécu, il fait le lien entre les morts d'une famille, unit les générations dans cette mémoire qui reste d'eux. Dense, lacunaire, juste, riche, le court texte vaut une autobiographie complète et pose l'auteur au bord de l'indicible, comme sur un cap avancé, apaisé face aux ténèbres et à la tempête.
Les autres textes sont le résultat de vingt ans d'écriture, de voyages et d'expériences. Là aussi, écriture très maîtrisée, sensibilité à fleur de peau... Médecin (on l'entend beaucoup ces temps-ci dans la presse à propos du virus H1N1: il est le porte-parole du canton de Vaud sur le sujet), Eric Masserey a été chargé de mandats pour des organisations internationales. Il était par hasard à Beyrouth en guerre, à Mogadiscio, en Asie centrale, à Madagascar. Il a recueilli des documents familiaux sur l'immigration en Amérique du Sud. Et d'ailleurs, une bouteille de vin le fait autant voyager qu'un Boeing 747...
Qu'on ne s'attende pas à des reportages. Le livre est fait d'éclats. Ces moments où la sensibilité se ramasse autour d'une scène, d'un spectacle, d'une vue. Ces instants où le passé se noue avec le présent et donne le vertige.
Je vous vois venir. Vous pensez peut-être, à lire tous ces compliments, que j'enjolive, que l'amitié m'emporte? Mais attendez un peu: je publierai ici un de cet textes. Vous verrez, alors, si j'exagère.
Eric Masserey, Une si belle ignorance (généalogies) et autres histoires, Campoche