Magazine Conso
Boualem Sansal n'est pas qu'algérien de naissance. Il vit là-bas, malgré la colère que provoque son œuvre – interdite - dans son pays. "Le village de l'allemand" raconte l'histoire de deux frères, Rachel et Malrich Schiller. Ils sont nés en Algérie. Leur mère est algérienne, leur père est allemand. Un événement tragique, l'assaut du GIA dans le village familial et l'assassinat des parents, va ouvrir la boîte de Pandore ... Les deux frères ont une petite dizaine d'années d'écart, et leur regard est si différent ... L'aîné connaît l'histoire de la Seconde Guerre Mondiale, le second à peine. L'aîné est empreint de réussite scolaire et sociale, le second survit dans la Cité.
L'aîné des fils, obsédé par le passé, répond oui à la question qui le déchire : «Le fils est-il responsable des crimes du père ? Doit-il payer pour lui ?». Le plus jeune est lui obsédé par le présent. Il ignore tout de la Shoah, il comprend vite ses points communs avec les Imams du quartier. Il porte un regard lucide sur la banlieue selon lui dans un abandon croissant de la République et livré au fanatisme des islamistes.
Et la comparaison entre le régime nazi et le régime islamiste ne manque (malheureusement) pas de pertinence.
Roman initiatique d'un adolescent des cités d'aujourd'hui et manifeste politique, "Le village de l'allemand" est déchirant de précisions, sur le temps d'aujourd'hui au regard du temps d'hier. L'avenir envisagé n'a rien de reluisant, et la démonstration factuelle nous invite à d'infinies prudences, à de grandes réflexions et à une seule question : mais que font nos politiques pour oeuvrer pour la paix ? Que faisons-nous pour cultiver et enrichir notre Humanité ?