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Montre ta chatte

Publié le 16 octobre 2009 par Juval @valerieCG

(oui je fais dans le classe, mais c’est à la hauteur de cette affaire).

Vous avez tous entendu parler cet été de Caster Semenya, athlète sud africaine soupçonnée – j’emploie le mot à dessein - de ne pas être une femme.

Cette histoire serait drôle si elle n’était pas tragique.

Caster Semenya n’est jamais arrivée sur un stade avec une anatomie “fémino-compatible” (ironie). Cela n’avait pas posé de problème… jusqu’au moment où l’on a soutenu que ses performances exceptionnelles ne pouvaient être réalisées par une femme. J’aurais plus pensé au dopage dans ce cas là mais il a juste été question de son physique. S’en sont donc suivies des réflexions tout à fait classes sur cette athlète.
Tous les journaux ont donc relayé l’affaire et certains ont découvert – que certaines et certaines ne rentraient pas dans des cases pré-assignées. Quelle surprise.
La Fédération internationale d’athlétisme demande donc à sa commission médicale de définir le “genre féminin”. Notons qu’il n’y a pas besoin de définir le “genre masculin” visiblement.
Que dire.
Les tests de féminité ont été systématiquement institués dans les années 60 avec certains athlètes des pays de l’est qui se gavaient d’anabolisants ; il était pourtant ici question de dopage et pas de féminité d’ailleurs.

Il est montré depuis longtemps – et dieu merci les choses évoluent de plus en plus en ce sens – que les caractéristiques servant à définir un homme ou une femme sont profondément arbitraires.
Et je vous invite en ce sens à lire : “Ni homme ni femme, Enquête sur l’intersexuation” de Julien Picquart.

Au départ, il semblait simple de différencier les hommes des femmes ; qui avait un vagin était une femme, qui, un pénis un homme.
A la découverte des chromosomes, les femmes ont été définies par XX et les hommes par XY. S’ajoutaient également les organes génitaux et les organes sexuels secondaires.
Jusqu’au moment où les scientifiques se sont rendus compte que certains – qui commençaient à être beaucoup – ne rentraient pas dans ces moules. Que faire des XXX, X, XYY ? Que faire des personnes naissant XX mais avec des testicules ? Que faire des gens au taux de testostérone ou d’oestrogène “trop elevé” ? Que faire des gens aux organes génitaux externes à la fois males ou femelles ? Que faire des personnes aux organes génitaux femelles mais aux chromosomes XY ?
Parlons cryptochidie, dysgénésie gonadique, gynécomastie, hyperplasie des surrénales, hypogonadisme, hypospadias, mosaïcisme, ovotestis, syndrome d’insenbilité aux oestrogènes…

Personne ne sait combien il y aurait exactement d’intersexués – dont ayant des caractéristiques des deux sexes – dans la population mondiale ; les pourcentages vont de 1.5% à 15%.

Cette triste affaire, faite sur le dos d’une gamine de 18 ans qui n’en demandait pas tant, nous permet de réaliser combien les deux modèles, mâle et femelle, ne suffiront jamais à expliquer l’infinie variété des sexes. Et que La Fédération internationale d’athlétisme va avoir bien du mal à déterminer son fameux “genre féminin”.

Ceci devrait aussi nous faire nous interroger sur ce que sont une femme, un homme, au sens biologique du terme. M’est avis que la réponse ne va pas du tout de soi.

Quelques liens :
Le test de féminité, utile ou sexiste ?
The five sexes : Why male and female are not enough by Anne Fausto-Sterling
Réseau des Intersexué-e-s Francophones d’Europe


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