Magazine Cinéma

Hell's Hinges

Par Tepepa
Hell's hinges
Charles Swickard
1916
Avec: William S. Hart, Clara Williams, Louise Blaum
J'en avais déjà parlé avant de l'avoir vu. Maintenant je l'ai vu. Et bien j'avais raison d'en avoir parlé avant de l'avoir vu. Ce film est superbe. Cinquante trois minutes de western rugueux et sombre. L'intrigue est un rêve d'intégriste catholique, sans une once de recul. Les bons notables d'un coté, les affreux dépravés de l'autre, l'héroïque église d'un coté, le saloon de l'enfer de l'autre. C'est simple, et ça fonctionne du tonnerre. C'est tellement outré que le film en devient génial. Suffit de prendre tout ça comme une convention de cinéma. William S. Hart, bien sûr, louvoie, mais il ne louvoie pas longtemps. On commence à le connaître, on attend et on prévoit le moment où il va poser ses yeux sur la splendide créature (Clara Williams, pas plus inspirée que dans The Ruse). Mais là, non seulement la belle le remet sur le droit chemin, mais en plus elle le convertit. Quand Hart entend sa voix, on dirait presque qu'il voit Jésus.
Convertir un bad guy, c'est bien, faire en sorte qu'il éradique le mal, c'est encore mieux. Le rêve de la purification par le feu se réalise. Hart brûle tout et stoppe l'avancée de Satan, pour aller recommencer sa vie ailleurs. Les notables eux, ont été contraints à l'exil tels des chrétiens primitifs sous l'empire Romain.
C'est du lourd, ça ne fait pas dans la dentelle, et c'est réalisé par un gars qui aurait encore sûrement des choses à apprendre aux cinéastes d'aujourd'hui s'il était encore vivant. La mise en scène est continuellement inspirée, le morceau de bravoure final est excellent.
Hart est brillant comme toujours, il est ici constamment nerveux, toujours prêt à se battre, toujours tendu, jusqu'à ce qu'il réalise sa mission divine et se relâche peu à peu. L'on n'invente rien. La ville s'appelle Hell's Hinges et rappelle d'ailleurs le Hell de L'homme des hautes plaines, des baraques en bois simples posées sur une étendue désertique plane, comme si le mal avait poussé comme une verrue par génération spontanée, totalement opposée aux visions idylliques de l'ouest présentées en début de film.
Jack Standing apporte également sa pierre à ce petit chef d'oeuvre en pasteur faible, le mec qu'a pas la vraie vocation. Il faut le voir halluciné par le vice, tentant de mettre le feu à sa propre église. C'est Louise Blaum qui se charge de le débaucher, et elle le fait bien (elle a tourné dans un film qui s'appelle tout simplement Sex, ça doit donc être un rôle un peu récurrent).
Les autres dépravés païens font la fête continuellement en rigolant grassement, ils voient la religion comme une atteinte à leur liberté. Le swearengen du coin (Alfred Hollingsworth) voit la religion comme une entrave à son business. Mais leur point de vue n'est sans doute pas défendable, ils seront éparpillés dans la solitude infinie par un Hart furibard aux mâchoires serrées. Je l'avais déjà dit, Hart, seul qui tient tête à un saloon entier, n'est pas sans rappeler Munny dans Unforgiven. Plus mytho tu meurs. Plus tôt, on le voit, à genoux, le chapeau à la main, les deux flingues aux ceinturons, implorant Dieu aux milieux de vieillards et de femmes inoffensifs. Un tableau pareil, ce n'est plus dans l'air du temps, mais c'est d'un mysticisme tel qu'il ne faut surtout pas le rater.

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Tepepa 37 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines