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Répétez après moi : “C’est une foire” (semaine FIAC 3)

Publié le 17 octobre 2007 par Marc Lenot

C’est une foire, un endroit où des collectionneurs achètent, des galeristes vendent, des artistes gagnent leur vie. C’est une excellente chose pour le développement de l’art contemporain, il faut de l’argent pour que le système marche, pour que la création s’épanouisse, les foires sont des outils très importants, sans elles, l’art contemporain s’étiolerait.

Voilà la mantra que je me récitais quand, vêtu par hasard pour une fois d’un costume bien coupé, et visitant la FIAC à l’heure réservée aux soi-disant professionnels, j’étais la cible de galeristes bien intentionnés me prenant pour un riche collectionneur. Le discours était partout le même : Untel est très prometteur, il a exposé à Venise/ Kassel/ Munster / Istamboul/ XXX, il est dans la collection de  Machin et va être acheté par le Musée Truc, cette pièce est exceptionnelle et les prix vont bientôt monter. Parfait, mais parlez-moi un peu de ses concepts, de sa démarche intellectuelle, de ses filiations : silence total, air hagard, merde ce n’est pas un collectionneur, c’est un critique /intello /journaliste /professeur /artiste, bref un mec fauché. Après trois expériences de ce type, je suis allé me changer. Maintenant j’erre dans la FIAC habillé d’un vieux jean, et d’un pull trop court, et en baskets : je peux regarder tout mon soûl les oeuvres qui m’intéressent, personne ne m’alpague et si éventuellement je devais sortir ma carte de crédit, elle fonctionnerait tout aussi bien. Et, non, il ne sont pas tous comme ça, loin de là, c’est juste que ceux-là m’ont un peu énervé, mais beaucoup sont très bien, parlent très bien de leurs artistes et les défendent intelligemment.

Mantra à se réciter aussi, quand, d’un artiste qu’on aime bien, on voit présentées par une bonne galerie les pièces les plus commerciales, les moins denses, ou quand on voit sur au moins trois stands différents “ONEISNOONE”, oeuvre multiple mineure et pas très intéressante d’un artiste s’affirmant par ailleurs très anti-marché.

Alors, faites comme moi, respirez un grand coup et répétez “c’est une foire”. On y voit de belles choses quand même.

Et en plus je suis triste, nous ne saurons jamais la fin de l’histoire qu’il nous contait: Edouard Levé s’est tué lundi.


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