Magazine Journal intime

« La rentrée littéraire »

Par Markhy

Il y a les « quarantenaires ». Ils racontent leurs trucs persos, leurs petits problèmes égocentriques : Être né après 69 où tout s’est déjà joué. Sans eux. Et ils pleurent. Ils pleurent putain. Et on s’en fout. On s’en fout putain. Il y a les gamins. Ils ont 17 ans, eux, ils racontent les amours déçus, la beuh, et les accidents de voiture sans permis. Un platane. Malheureux platane. Ils font croire qu’ils cassent tout, mais le mur était déjà tombé quand ils sont nés. Les éditeurs suffisamment targes publient ça. On en trouve un par an qui se retrouve dans la liste du Flore. Mais heureusement le Flore, maintenant, ne décerne que des prix aux mecs de quarante ans qui n’en ont pas eu quand ils étaient « trentenaires ». Et ils ont du mal à pleurer à la remise du prix. Ils ont du mal putain.

Et il y a moi. Nous. Je me touche la nouille chaque jour qui passe. Je gazouille ma nouille. J’ai ma super 8 piquée à un quarantenaire et je cours dans la rue dans mes Feiyue, délavées, piquées à un teenager. Je n’ai pas assez de thunes pour développer mes pellicules alors elles attendent dans le frigo, mon premier court métrage est figé. Entre le beurre et les œufs. J’étais ado, le 11 septembre, mais je n’ai pleuré que le 11 mars, parce que je commençais à avoir vraiment peur pour ma gueule. Le bac s’approchait, les filles moins. « Un véritable gâchis, cet élève, très intelligent, est encore plus fainéant » écrit ma prof de français dans mon livret scolaire. Ce que je n’aimais pas dans la littérature classique, c’était surtout ma prof de français.

On se fait l’amour en se disant des je t’aime. On ne cède pas à la panique, on a coupé le son de la télé. C’est pour mieux tweeter. On attend que l’école, on vit au dessus, ferme. Le H1N1 c’est l’assurance de longs matins. On boit du Mateus, genre la bouteille de 1L5 achetée en Espagne, on n’a pas réussi à la finir putain. Je l’ai rebouchée, elle est dans le frigo. Je ne me fais pas de films, ils sont à côté, on la rouvrira demain. Pour financer la pellicule, j’essaye de me faire une marge sur des cartouches de clopes. Je sais pas si cela suffira. Ma crainte c’est la sur exposition. La « sur ex » ils disent Boulevard Beaumarchais, ouais ta gueule. L’aiguille dans la Super 8 n’existe plus et ma lumière se fait au jugé, avec l’APN sans flash et la luminosité au minimum. Et je me vois bien payer 100€ de développement. Ne recevoir que du blanc sur la pellicule. Il ne restera que les souvenirs. Les souvenirs, c’est ce qu’il nous fait écrire. Mais en ce moment, je suis trop fainéant. Trop intelligent.



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