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Soja, phyto-oestrogènes: atouts et risques chez l’adulte

Par Aromatic1953

Le soja contient des isoflavones, qui font partie des phyto-oestrogènes, et qui ont des effets similaires à ceux des oestrogènes. Ce ne sont néanmoins pas des hormones, mais des polyphénols. Ces isoflavones pourraient réduire les risques de cancer (sein, utérus, prostate) selon certains scientifiques, ou les augmenter, selon d’autres experts. Le soja pourrait aussi limiter les troubles liés à la ménopause, notamment les bouffées de chaleur et l’ostéoporose. Les avis divergent: le soja est-il bon pour la santé?

Analogies et différences entre œstrogènes et phyto-œstrogènes

Les phyto œstrogènes sont présents dans un grand nombre de produits végétaux, le soja en contenant des quantités particulièrement importantes. On en différencie plusieurs types: les isoflavones (dans le soja), les lignanes (dans les céréales et graines, notamment le lin), et les coumestans (dans les légumineuses).

Ces molécules sont appelées phyto-œstrogènes car elles ont des structures semblables à celle des œstrogènes, dont elles peuvent occuper les récepteurs cellulaires et induire un effet physiologique similaire, quoique bien moins important. Ce ne sont néanmoins pas des hormones: elles appartiennent à la catégorie des polyphénols (et non des stéroïdes dont les œstrogènes font partie), tout comme les flavonoïdes, les tannins, les anthocyanes et les catéchines, des antioxydants que l’on trouve dans les fruits et légumes et dans le thé. A noter que les œstrogènes sont synthétisés par les ovaires chez la femme non ménopausée, et aussi en petites quantités par les testicules chez l’homme.

Les isoflavones du soja, de même que les autres phyto-oestrogènes, n’ont pas un effet œstrogénique aussi important que les œstrogènes endogènes, loin de là ! On considère que les phyto œstrogènes ont une activité œstrogénique 200 à 100.000 fois inférieure (selon les sources) à celle des différents œstrogènes (le 17 ß œstradiol étant l’œstrogène endogène le plus actif).


Effets bénéfiques des phyto oestrogènes
et risques de cancer: des avis scientifiques divergents

Les phyto œstrogènes semblent avoir plusieurs atouts: réduction du risque de maladie cardiovasculaire et de l’hypercholestérolémie, réduction de l’ostéoporose, et protection contre les cancers du sein, de l’utérus et de prostate. C’est surtout la consommation de soja pendant l’enfance (après 3 ans) et l’adolescence qui aurait un effet protecteur vis-à-vis des cancers.

En ce qui concerne la consommation tardive (à l’âge adulte), les avis des scientifiques divergent (les résultats des études cliniques aussi) et il est bien difficile d’y voir clair…

  • Certains considèrent que la consommation de phyto œstrogènes en quantités importantes est suspectée d’être un facteur favorisant pour les cancers hormono-dépendants, surtout en cas d’antécédents familiaux. Les phyto-œstrogènes auraient une action proliférative sur les cellules cancéreuses, c’est pourquoi on les déconseille souvent aux personnes atteintes de cancer.
  • D’autres experts soutiennent au contraire que les phyto œstrogènes induisent l’apoptose (l’auto-destruction) des lignées de cellules cancéreuses, et que par ailleurs, en occupant les récepteurs œstrogéniques avec une action physiologique très inférieure, ils concurrencent les œstrogènes endogènes. De ce fait, ils pourraient réduire l’effet œstrogénique global, et donc l’effet prolifératif sur les cellules cancéreuses. Ceci aurait un intérêt chez les femmes non ménopausées, dont les ovaires produisent encore des œstrogènes.


Phyto-oestrogènes de soja, troubles liés à la ménopause et syndrome prémenstruel

Le soja est aussi très à la mode pour réduire les troubles liés à la ménopause, et on le trouve dans de nombreux compléments alimentaires. Dans ce cas, ses phyto-œstrogènes permettraient de restaurer une légère activité œstrogénique et de réduire les symptômes dus à la chute du taux d’œstrogènes (sécheresse vaginale, bouffées de chaleur…). Là encore, les scientifiques ne sont pas d’accord au sujet de l’efficacité de ce traitement naturel, et les études cliniques ou épidémiologiques ne vont pas toutes dans le même sens.

Inversement, le soja pourrait atténuer le syndrome prémenstruel, dû à un excès d’œstrogènes, en raison de la concurrence assurée par les phyto-œstrogènes au niveau des récepteurs. On dit parfois que les isoflavones sont des régulateurs hormonaux (si trop d’œstrogènes: baisse de l’effet œstrogénique global; en cas de manque d’œstrogènes: compensation relative de la lacune).


Les isoflavones de soja ne sont pas actives chez certains individus

Dans le cas des isoflavones du soja, il faut savoir qu’elles ne sont ni assimilables, ni actives, dans leur état natif, c’est à dire dans le soja. Il faut qu’elles soient transformées (glycosylées) par les bactéries intestinales lors de la digestion, pour être absorbées par l’intestin, passer dans le sang, et être actives au niveau des récepteurs œstrogéniques.

En fonction de la flore intestinale de chacun, du régime alimentaire et de la prise de médicaments (antibiotiques notamment), les isoflavones peuvent être activées, ou non. Ainsi, il semblerait que chez certains individus, la consommation de soja n’ait aucun effet sur l’activité œstrogénique, les isoflavones n’étant pas activées. Ceci pourrait expliquer en partie que certaines études cliniques n’aient pas pu mettre en évidence l’efficacité de la consommation d’isoflavones sur l’atténuation des bouffées de chaleur et la réduction du risque d’ostéoporose, chez la femme ménopausée.

Il faut aussi savoir que le soja fermenté (tempeh, natto, miso, shoyu et tamari) n’a aucune activité oestrogénique, observée uniquement avec le soja non fermenté (fèves de soja, tofu, “lait” de soja).


En conclusion…

Devant l’absence de consensus scientifique (il faudrait mener d’autres études), chacun est libre de se faire son opinion. On peut néanmoins supposer que la consommation de soja, en quantités raisonnables (par exemple un produit au soja 2 à 3 fois par semaine), et en l’absence d’antécédents de cancer hormono-dépendant, a des effets bénéfiques et protecteurs chez les adultes. Les femmes enceintes devraient néanmoins éviter les phyto-oestrogènes, par mesure de précaution.

Dans un rapport de l’AFSSA de 2005, on peut d’ailleurs lire que sur la base de « 1.500 études sérieuses disponibles, l’apport de 1 mg/kg de poids corporel/j d’isoflavones aglycones (soit 60 mg pour un individu pesant 60 kg) ne présente pas de risque pour la population générale ; et des précautions particulières doivent être prises par certaines personnes notamment celles présentant un cancer du sein, des antécédents personnels ou dans leur famille ».
télécharger le rapport complet de l’AFSSA


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