Battlestar Galactica - Saison 4, Partie 2

Après cinq années de bons et loyaux services, la série culte créée par Ronald D. Moore s’est conclue le 20 mars 2009. Et avec cette ultime fournée d’épisodes de Battlestar Galactica, c’est un mythe télévisuel qui s’achève. L’attente suscitée par ces dix derniers épisodes était grande, tant le show avait réussi à imposer un niveau d’excellence rarement vu en matière de série télé. Qualité d’écriture, d’interprétation et de réalisation, tout concourrait jusque-là à faire rentrer la série au panthéon des chefs d’œuvre du petit écran. Moore et son équipe ont-ils réussi à garder la tête haute et à livrer le final d’exception que la série méritait? La réponse ci-dessous…

La première moitié de cette saison 4 avait réussi à remonter le niveau d’une saison 3 un peu bancale (mais tout de même excellente) en commençant à préparer la fin du show et en sortant quelques cartes judicieuses (l’identité de quatre des cinq derniers Cylons, et surtout l’arrivée sur une planète Terre ravagée par un holocauste nucléaire). L’attente était donc grande et l’issue incertaine, puisque les survivants des 13 colonies se retrouvent ici privés de la seule lueur d’espoir qui leur restait: la découverte de la Terre. Les conséquences sur le moral des troupes sont immédiates et importantes: Roslin laisse tomber ses fonctions présidentielles, Dualla se suicide, et surtout Felix Gaeta et Tom Zarek fomentent une révolte contre Adama. Une révolte qui prend sa source dans l’acceptation du vaisseau rebelle Cylon au sein de la troupe, et qui aura de funestes conséquences. Ce complot sera au centre de l’extraordinaire dytique The Oath / Blood on the Scales au cours duquel toutes les passions et rancœurs se cristallisent et explosent à la face de l’équipage du Galactica. Une fois encore, l’équipe de la série questionne le spectateur, refusant tout manichéisme (malgré ses actions, on comprend les raisons qui poussent Gaeta à agir ainsi) dans un double épisode épique et blindé de suspense qui rappelle le superbe Pegasus dans la saison 2.

Après cette réussite, le soufflé retombe malheureusement un peu mais la dernière fournée d’épisodes maintient tout de même un très bon niveau et s’applique méthodiquement à répondre à la plupart des questions restées en suspend. L’identité du dernier Cylon est tres rapidement révélée, ce qui permet d’exploiter au mieux le personnage, et le passé des Cylons ainsi que leurs motivations sont dévoilés petit à petit. Le mystérieux retour de Starbuck (ainsi que la découverte de son cadavre sur Terre) est aussi au centre de ces derniers épisodes et même si on peut regretter que la série ne donne pas de réponse définitive, les scénaristes laissent suffisamment de pistes pour que le spectateur puisse se faire sa propre opinion sur le sujet. Cette saison règle aussi le sort du fameux vaisseau donnant son titre au show, le pauvre navire tombant petit à petit en ruine après avoir survécu à bien des guerres. Mais il aura fort heureusement droit à un ultime baroud d’honneur lors d’une épique bataille spatiale dans le dernier épisode du show.

Un épisode de conclusion qui fera certainement grincer des dents, puisqu’il prend le spectateur quelque peu au dépourvu. Dans ce final, tous les personnages principaux auront leur rôle à jouer et verront leur sort réglé d’une manière ou d’une autre, même si on peut déplorer le manque d’emphase des derniers instants. Pas de morts tragiques ni d’ultimes trahisons ou révélations ici, les scénaristes préférant mettre en avant les rapports humains. En effet, si la première moitié de l’épisode nous offre une énorme bataille opposant Cylons et humains (et dont l’enjeu est la survie des deux espèces), la seconde moitié joue la carte de l’épilogue calme et contemplatif. Une conclusion optimiste qui peut surprendre au premier abord, mais tout de même contrebalancée par les toutes dernières images du show, pouvant être interprétées de façon très pessimiste. Dans ces ultimes images, Battlestar Galactica semble nous dire que le salut de l’espèce se situe dans la paix et le respect, mais que malheureusement l’Histoire a une fâcheuse tendance à se répéter et les humains à oublier les erreurs du passé. Une conclusion sous forme d’avertissement qu’il serait sage de considérer…

Au final, Ronald D. Moore et son équipe auront réussi à créer plus qu’une énième série TV de science fiction. Battlestar Galactica est une œuvre majeure de la télévision, extrêmement immersive et intellectuelle, questionnant constamment son audience sur des sujets plus que brûlants (la torture, l’avortement, les sectes, les décisions à prendre en temps de guerre, le pardon…) et les choix qui en découlent. Mais si la série fonctionne aussi bien, c’est aussi grâce à des personnages forts campés par des acteurs impressionnants (Edward James Olmos en tête) et a une gestion du suspense redoutable. La série perdurera certainement encore longtemps dans les mémoires et certaines scènes resteront dans les annales de la télévision. En vrac : l’attaque Cylon sur les 13 colonies dans le pilote, la tentative d’assassinat sur Adama en fin de saison 1, le sauvetage de Boomer par Tyrol et Helo alors que celle-ci va être violée par des membres du Pegasus dans la saison 2, la découverte des quatre derniers modèles Cylons en fin de saison 3, la Terre dévastée par l’holocauste atomique, le discours d’Adama avant l’assaut final (avec la séparation en deux du hangar du Galactica), Saul Tigh avec son bandeau sur l’œil, Starbuck découvrant son propre cadavre sur Terre…

Un grand merci donc à toute l’équipe pour nous avoir fait rêver et réfléchir pendant ces cinq années et rendez-vous très bientôt pour de nouvelles aventures dans la série dérivée Caprica. « So say we all ! »

Note : 8/10

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