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De l’écran au papier, à la recherche du temps perdu

Publié le 14 mars 2009 par Fab

A l’occasion du Salon de Livre, Vendredi a consacré une partie de son dernier numéro à la blogosphère du livre avec une sélection de 100 blogs de lecteurs, auteurs, éditeurs, bibliothécaires…. Il évoque aussi le livre numérique (liseuse numérique ou e-book) et recense quelques articles qui nous interrogent finalement sur notre rapport à la lecture à l’heure du web.

“Le lecteur de blogs zappe sur la Toile infinie, il ne fait que passer rapidement, vite distrait, happé ou appelé ailleurs”, explique Eric Chevillard, auteur français qui a publié un livre  issu de son blog. “Avec le livre en mains, le lecteur n’est plus ce visiteur. Il renoue avec une pratique de lecture concentrée.”
Maryanne Wolf, psychologue et neurologue , explique qu’avec le web, son instantanéité et sa surcharge informationnelle, la façon dont nous lisons changent profondément : à l’écran, nous ne lisons pas, nous écrémons !
Et pour Jakob Nielsen, le faible temps que nous passons sur la plupart des sites que nous parcourons ne permet pas de lire en profondeur.

Une consommation différente de l’information

Je passe beaucoup de temps sur le web à titre professionnel et à titre privé. Et je me retrouve évidemment dans les articles repris par Vendredi.

Il m’arrive d’ailleurs de retrouver dans Vendredi un article que j’ai “lu” ou simplement repéré sur le web dans la semaine sans avoir eu (ou pris) le temps de vraiment le lire. Je le redécouvre ainsi sur le papier et y accorde une toute autre lecture.

La lecture à l’écran n’offre pas le même confort visuel, mais lire sur le web, pour ma part, cela veut dire aussi être assise sur une chaise derrière mon ordi. Quand je lis Vendredi, à l’inverse, je suis généralement confortablement installée sur mon canapé ou dans un fauteuil comme si d’instinct je m’accordais le temps de la lecture. Je ne suis pas encore équipée d’iPhone ou autre petite bête de ce genre (mais ça ne saurait tarder), ce qui me permettrait effectivement de surfer confortablement installé, mais je ne suis pas sure pour autant que je prenne davantage le temps de lire.

Du papier à l’écran, j’ai (nous avons) une façon différente de consommer l’information. Je scanne effectivement les articles. Lorsqu’ils sont repris en intégralité par mon lecteur de flux RSS, je prends d’ailleurs rarement la peine de cliquer sur l’article pour le lire sur le site original. Je perds donc tout sa mise en page et donc une partie de son attractivité. Lorsqu’un article me semble intéressant mais que je n’ai pas le temps de le lire, là, à l’instant, ou bien justement parce que je n’en ai qu’un extrait et que je n’ai pas envie de cliquer et de m’échapper encore ailleurs pour le découvrir en entier,  je le mets dans ma liste de suivi pour une lecture ultérieure plus approfondie… qui parfois ne viendra jamais. Sur le web, un article archivé daté de quelques jours, une semaine tout au plus, me paraît déjà obsolète.

Le web me pousse à une consommation effrénée d’informations. Il est vrai que par nature et par nécessité pofessionnelle, je suis assez boulimique d’infos, mais je pense que l’instantanéité du web et la profusion d’informations de toute nature que l’on y trouve ne fait qu’accentuer cette tendance. Et puis, et c’est le propre du web, les liens hypertextes nous emmènent vite loin de notre point de départ.

Culture de l’écrit vs culture de l’écran ?

Hubert Guillaud, sur Internetactu.net, s’interroge sur l’opposition entre la culture de l’écrit et celle de l’écran, la culture du livre et la culture du web, et conclut qu’il est difficile de savoir qui du papier ou de l’électronique nous rend plus intelligent.

Il propose aussi d’inventer un nouveau modèle de livre. Cela me paraît en tout cas moins urgent et nécessaire que d’avoir une autre forme de presse papier, mais là c’est un autre débat. 

Sur son blog (La Feuille, blog sur l’édition électronique que je vous conseille vivement), il affirme être “persuadé que le web va forcer le papier à faire plus d’efforts en terme de mise en page ou de typographie. Qu’accéder à des livres en ligne, eux aussi présentés au kilomètre, interroge la valeur ajoutée du papier surtout quand le papier se contente de faire du texte au kilomètre également (ah, l’industrialisation de la culture) et ne propose pas de fonctionnalités “supérieure” par rapport au livre au format électronique (alors que lui en propose : la recherche plein texte, notamment).”

Le web et le livre (l’écrit en général, n’oublions pas la presse) sont bien évidemment complémentaires. Le web implique de nouvelles pratiques de lecture à prendre en considération. Sur papier ou à l’écran, l’important est de prendre le temps de lire, pour prendre aussi le temps de la réflexion.


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