TRIBUNAL RUSSELL SUR LA PALESTINE
Intervention de Stéphane Hessel
Mercredi 4 Mars 2009
"(There is) a growing gap between the principles of international law and their application. If the great powers were not willing to rescue the principles they themselves had declared, the law itself would cease to exist"
Géraud de la Pradelle
Le Tribunal Russell sur la Palestine vise à réaffirmer la primauté du droit international comme base du règlement du conflit israélo-palestinien. Il s’appuiera dans son travail sur l’énonciation du droit par des instances faisant autorité. La Cour Internationale de Justice, dans son avis sur les conséquences juridiques de l'édification d'un mur dans le territoire palestinien occupé, a ainsi analysé les dispositions pertinentes du Droit International Humanitaire et du Droit International des Droits de l'Homme ainsi que les dizaines de résolutions internationales concernant la Palestine. Il s'agit pour ce tribunal de se pencher sur l'inapplication du droit alors même qu'il a été si clairement identifié. Notre entreprise commence là où l'avis de la CIJ s'est arrêté : souligner les responsabilités découlant de l'énonciation du droit, notamment les responsabilités de la communauté internationale. Cette dernière ne peut continuer à fuir ses obligations.
La récente attaque contre la bande de Gaza, et les violations massives du droit international par Israël rendent notre démarche d'autant plus nécessaire et urgente. Durant cette attaque, la population civile a été exposée à toutes les atrocités de la guerre : nulle part où se réfugier ou fuir, nulle organisation internationale pouvant la protéger, nul droit respecté afin de servir de rempart contre les crimes de guerre et les crimes contre l'humanité.
Ce tribunal est dès lors une contribution à la longue lutte pour l'édification et la consolidation du droit international. Nous sommes les dépositaires de ce droit que des générations ont contribué à forger pour qu'il soit l'expression de valeurs humaines et universelles. Les générations futures nous jugeront sur l'état dans lequel nous leur lèguerons ce droit. Le droit international ne peut être un instrument de la politique de deux poids deux mesures. Sa crédibilité repose sur le fait que son respect s'impose quelle que soit l'identité de ceux qui le violent et celle des victimes de ces violations. Nous, société civile consciente que l'affaiblissement du droit annonce le règne de la violence, avons décidé d'en être les ardents défenseurs.
Le tribunal Russell sur la Palestine, comme l’a été en son temps le Tribunal Russell sur les crimes de guerre au Vietnam qui nous sert de référence, est à ce titre un acte citoyen. Ce tribunal d'opinion vise à éveiller les consciences sur la responsabilité de la communauté internationale dans la perpétuation du conflit. Intellectuels, militants de la paix, juristes, politiques, membres d'organisations et d’associations internationales ont tous répondu à cet appel pour mettre en lumière les responsabilités qui incombent à nos gouvernements. Il ne suffit pas de dénoncer la violation du droit, il faut œuvrer pour y mettre un terme. Or nos gouvernements pèchent non seulement par leur inaction mais aussi parfois en contribuant directement ou indirectement à la pérennisation de l'illégalité. Notre mobilisation est donc essentielle pour forcer lesdits gouvernements à prendre enfin les mesures qui s’imposent. Une telle mobilisation peut être salvatrice pour les peuples de la région et pour nous-mêmes.
Ainsi ce tribunal est aussi une pierre importante apportée par des personnes du monde entier à l'édifice de la paix, conformément aux buts et principes de la Charte des Nations Unies. L'occupation est le principal obstacle à la reconnaissance des droits légitimes du peuple palestinien et conséquemment à une paix juste et durable au Proche-Orient. Or l'impunité permet la perpétuation de l'occupation, ruine la perspective d'un Etat palestinien viable, prolonge l'injustice et mène inexorablement à la violence. En nous dressant contre cette impunité, nous œuvrons pour mettre un terme à une injustice qui dure depuis 60 ans afin que cette région soit promise à un avenir différent. Palestiniens et Israéliens, dont certains ont contribué pleinement à notre démarche, ainsi que l'ensemble des peuples de la région, pourront ainsi jouir d'un avenir de paix, de coexistence et de sécurité.
Lundi 9 mars 2009 / http://www.russelltribunalonpalestine.org/Lancement du Tribunal Russell pour la Palestine - Communiqué de presse
publié le vendredi 6 mars 2009/ russelltribunalonpalestine.com Voici le communiqué de presse publié à la suite de la conférence de presse pour le lancement du Tribunal Russell pour la Palestine qui a eu lieu mercredi 4 mars à Bruxelles.
Ce jour a été lancé le Tribunal Russell sur la Palestine, lors d’une conférence de presse présidée par l’Ambassadeur de France Stéphane Hessel.
En tant qu’initiateurs, Ken Coates, Président de la Fondation Bertrand Russell pour la Paix ; Leila Shahid, Déléguée Générale de la Palestine auprès de l’Union Européenne, de la Belgique et du Luxembourg ; et Nurit Peled, Prix Sakharov pour la Liberté de Pensée, ont présenté l’historique et les raisons qui les ont menés à demander la constitution de ce Tribunal. Au nom du Comité Organisateur, l’ancien sénateur Belge Pierre Galand en a expliqué le fonctionnement.
Parmi la centaine de personnalités internationales qui ont accepté de parrainer cette initiative, messieurs Ken Loach, Paul Laverty, Raji Surani, Jean Ziegler, François Rigaux, Jean Salmon et François Maspero ont tenu à être présents pour exprimer leur soutien.
Dans la lignée du Tribunal Russell sur les crimes de guerre au Vietnam, le Tribunal Russell sur la Palestine est un acte citoyen qui vise à réaffirmer la primauté du droit international comme base de règlement du conflit israélo-palestinien, et à éveiller les consciences sur la responsabilité de la communauté internationale dans la perpétuation du déni du droit du peuple palestinien.
Dans son fonctionnement, le Tribunal Russell sur la Palestine se basera sur des Comités d’Experts et de Témoins, chargés d’établir les faits et l’argumentaire juridique qui sera soumis au Tribunal. Des Comités Nationaux d’Appui prendront en charge la préparation de rapports d’expertise, assureront la mobilisation populaire et médiatique autour du projet et le développement des moyens et des ressources du Tribunal. On peut déjà tabler sur de forts appuis provenant de l’Angleterre, la France, la Belgique, l’Espagne, la Suisse, l’Autriche, les Pays-bas, le Portugal, l’Irlande, le Liban, l’Algérie, l’Australie, l’Italie, l’Afrique du Sud, l’Egypte et, bien sûr, de la Palestine et d’Israël. D’autres contacts sont en cours pour que la constitution de comités soit étendue à d’autres pays et continents.
Une fois les dossiers d’accusation constitués et les témoins auditionnés, les sessions du tribunal seront organisées début 2010 dans plusieurs grandes capitales. Un jury composé de personnes connues et reconnues pour leurs hautes qualités morales sera alors chargé de prendre connaissance de l’ensemble des rapports, d’entendre les témoins à charge et à décharge. Ce jury énoncera les conclusions qui, nous en sommes persuadés, entraîneront une large adhésion des opinions publiques internationales, et par delà, des décideurs politiques, en vue de contribuer à une paix juste et durable au Proche Orient.
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