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Métaphore guerrière

Publié le 30 août 2007 par Philostrate
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   Il y a des collisions qui font mal. Au sens propre, comme celle qui a fait voler en éclats la pommette et le nez du capitaine irlandais Brian O'Driscoll lors du lamentable match de préparation à la coupe du monde de rugby opposant mi-août le XV du Trèfle à Bayonne. Au sens figuré, lorsque dans les colonnes des journaux la rencontre entre publicité et articles fait des étincelles.
   Prenons l'exemple d'un célèbre équipementier sportif ayant pris pour symbole une virgule, de celles que l'on trouvait autrefois sur les murs des lieux d'aisances en mal de papier toilette. C'est bien connu, les publicitaires, à l'image des cons chers à Michel Audiard, "ça ose tout, c'est même à ça qu'on les reconnaît". Eh bien ceux de la célèbre marque ont décidé de faire dans la finesse à l'occasion du Mondial de rugby. Non contents de transfomer avec leurs maillots bleu nuit taillé pour le Jeu à XIII les Français en All Blacks de deuxième zone, nos génies à catogans jouent de la métaphore guerrière dans leur campagne reprenant le "Aux armes citoyens" d'une Marseillaise ravalée au rang de slogan inepte.
   Passons sur le fait qu'un hymne national soit tronçonné et détourné à des fins purement mercantiles. Le sens du respect de l'histoire, d'un minimum de retenue et de nuance ne sont pas plus au programme des agences de pub qu'à celui des vendeurs de quincaillerie sportive. Dans ce monde-là monsieur, la dignité n'a pas sa place, on se renifle comme les chiens dans la rue pour découvrir le meilleur de l'autre dans la taille de son budget ou de son nouveau 4x4. Tout vaut tout, alors un hymne beuglé à longueur de temps sur les stades peut bien faire office de gimmick et Rouget de Lisle poser à poil dans le calendrier du Stade Français, pourvu que ça fasse vendre…
   Lorsque la pub en question, déclinée en pleine page dans les journaux, côtoie en rubrique sport des articles dénonçant la violence de certaines actions de jeu, le rapprochement devient soudain savoureux. En page 6 de notre grand quotidien sportif national du 18 août, vous pouviez ainsi voir côte à côté la tronche explosée du capitaine du XV d'Irlande et la déclicate publicité appelant à la mobilisation générale, demandant aux citoyens de prendre les armes pour soutenir Ibanez et sa bande à la gueule "pas tibulaire mais presque". Je sais bien que les symboles ne valent plus que par leur détournement, que les mots n'ont plus de sens, mais je reste partisan de la cohérence. Lorsqu'un président de fédération fait la grosse voix dans un article pour dénoncer l'agression d'un joueur sur un terrain et que, dans le même temps, il donne son aval à des campagnes publicitaires jouant de la métaphore guerrière et du nationalisme de circonstance, il y a de quoi s'interroger. L'homme est-il de mauvaise foi ou entre t-il, selon la classification d'Audiard susmentionnée, dans la catégorie de ceux qui, "lorsqu'ils seront sur orbite n'auront pas fini de tourner "? À vous de voir.

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