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Confidence pour confidence

Par Perce-Neige

Tout au long des pages interminables de son troisième et dernier roman, le plus abouti à ce jour, tout de même, - « La Tectonique des âmes et des choses de l’esprit » - Paul Flament n’a cesse de nous balancer dans les gencives, ligne après ligne, comme un tic de langage, que c’en est pénible à mourir, la joyeuse ambivalence des sentiments qu’il éprouve tant à l’égard de Maud, d’ailleurs, que de l’inénarrable Judith. Naturellement, il transpose. Sous sa plume, Maud parvient sans beaucoup de difficulté (on n’y voit que du feu !) à se dissimuler sous une toute autre identité (celle de Maryse ?). Et pour Judith c’est, à peu de choses près, ce même procédé, grossier et terriblement répétitif, qu’il adopte. Paul Flament, pour peu qu’il se pique de littérature (encore que cette catégorie finisse par ne plus signifier grand chose, à l’heure d’internet et du grand n’importe quoi, comme on dit) semble prendre un malin plaisir à inverser les rôles, les caractères ou les personnages. Ou plutôt, non. Il brouille les pistes, à tour de bras, et, la plupart du temps, cet inexorable engourdissement de la cervelle lui suffit. Trois paragraphes, tout juste, après avoir vendu la mèche en avouant la vérité quant à son passé de toxicomane, le voilà, dans une envolée lyrique épouvantable attestant surtout d’une indéniable mégalomanie, le voilà, donc, qui cherche brusquement à noyer le poisson, s’amusant (visiblement) à agrémenter son texte d’une ribambelle d’aventures qu’il n’a, bien entendu, jamais vécu et ceci dans l’espoir malsain, un peu naïf, de pouvoir, ce faisant, éviter d’aborder d’autres anecdotes, autrement gênantes pour l’image qu’il entend donner de lui-même. D’ailleurs, Paul Flament se dépeint volontiers comme un personnage un peu marginal, voire malfaisant (ce qu’il n’est pas, j’en témoigne), trafiquant d’armes à l’occasion, ou quelque chose d’approchant (on ne sait jamais vraiment, dans ses romans, ce que le narrateur fabrique, ici ou là, du matin jusqu’au soir), et se décrit comme il peut, mais presque toujours dans la pire des situations, échoué à la terrasse d’un café, le chapeau de paille méchamment vissé sur la tête, se gardant bien de révéler que, dans la vie réelle, pour l’essentiel, ses revenus lui viennent, non d’une activité aussi romanesque et lucrative que celle du Paul-Henri de la Tectonique mais, plus ordinairement, hélas, d’un travail salarié, autrement routinier, activité qu’il exerce six jours sur sept et pour le compte du Quai d’Orsay ce qui, par parenthèse, l’oblige bon an mal an à voyager de part le monde trois ou quatre fois par mois, au moins. Il n’en peut plus !


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