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Critiques ciné : en aout, du lourd.

Publié le 24 septembre 2008 par Blabla-Series

Surveillance ***
Comment éviter le sujet ? Jennifer Lynch est la fille de David, et on ne peut le nier au vu de son acharnement à approcher les failles les plus dissonantes et dérangeantes de l’être humain. L’étrange est donc omniprésent, voire le malsain, qui parfois semble gratuit, mais grâce à une composition incroyable de Bill Pullman (et de Pell James), et à une intensité rarement relâchée, le film peut remplir son contrat attendu, tout en érigeant l’autorité en monstre incontestable, insoupçonnable, craint et à craindre. Enfin malgré un scénario parfois peu habile, le séduisant aspect road-trip et la convergence des destins aboutissent à une scène centrale certes confuse mais essentielle, où tous les protagonistes sont méconnaissables. (7/10)

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L’Empreinte de l’Ange ***

Si l’interprétation impeccable et bouleversante des deux actrices ne fait aucun doute et permet au film un propos émouvant, intriguant, faisant naître subtilement une rhétorique de la perdition parfaitement assimilée et mesurée, exacerbant la dimension équivoque du film, une noirceur presque étouffante des plus poignantes, un état de trouble palpable à son paroxysme lors des face à face psychologiques de grande envergure entre les deux sublimes protagonistes, en revanche, l’usage du code bons sentiments, sa linéarité, défaillance naturelle et son twist final à la limite de l’écoeurement et du franc mauvais goût procurent une ultime sensation de bousillage vraiment regrettable, malmenant ainsi considérablement l’ambiance initialement travaillée et remarquable de ce film. (7/10)

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Le Silence de Lorna ***

Le dernier film des frères Dardenne ne surprend ni par son propos social, ni par son étude des dilemmes moraux inhérents à une ascension frauduleuse et désespérée au sein d’un eldorado aliénant. Mais la justesse des acteurs, la pudeur psychologique des personnages et la sobriété lumineuse et habituelle de la réalisation permettent encore de s’émerveiller. D’autant plus lorsque le refuge dans un déni désarmant vient se substituer à une réalité trop insupportable, dans une conclusion onirique et recluse. Tout simplement. (8/10)

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Babylon AD **

Le dernier Kassovitz est très facilement critiquable. Il est certes une adaptation SF un rien bourrine et musclée, aspect assumé, mais la qualité de certaines scènes d’actions parent en partie à une relative lourdeur visuelle. Lourdeur à interpréter comme centre névralgique de ce film tactile, lourdeur d’un mercenaire immoral mais épuisé, perdu dans un monde alourdi par les guerres incessantes et sur-médiatisées, et qui aspire intimement à une paix sonore donc psychologique, comme physique. Malgré un propos commun et facilement critique, parfois illustré de façon inspirée (les Etats-Unis, terre d’accueil sur-protégée), parfois moins (les luttes d’influence entre secte et mafia), Babylon AD a le mérite de finalement replacer l’humain au centre de l’échiquier, interprétation malheureusement contrainte par la voix off, sans subtilité ni originalité. (5,5/10)

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The Bank Job ***

Multipliant les effets seventies pour donner du relief et une touche de singularité à son sujet somme toute assez classique, The Bank Job parvient non seulement à se différencier des autres films d’action par son univers parfaitement représenté en phase avec son temps disco, mais parvient aussi à revisiter habilement les codes du film de braquage en misant davantage sur des dialogues intelligents, une construction narrative étonnante et inédite, un scénario malin foisonnant de ressources, des personnages qui ont de la gueule ... que sur des scènes d’actions éculées, des échanges de coups de feu et des plans centrés sur des liasses de billets éparses.

D’une grande humilité, The Bank Job allie à sa forme visuelle surannée et désinvolte un fond so british astucieux et se présente finalement comme une échappatoire maîtrisée aux poncifs dudit genre, une mécanique parfaitement huilée aboutissant à un résultat inédit et accompli.

(8.5/10)

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The Dark Knight **

Ce blockbuster catapulté chef-d’œuvre de noirceur vaut surtout pour sa deuxième partie. Comme dans Batman Begins (de Nolan aussi), l’introduction est tarabiscotée et fastidieuse. Elle est tout de même nécessaire pour apprécier à leur juste valeur les dilemmes moraux un peu tardifs d’un Batman ambigu, et le nihilisme dépressif d’un Joker ahurissant, réussite annoncée, performance rendue suspecte par une suspicion d’exploitation de fait divers, mais définitivement marquante de Heath Ledger. Parmi les nombreux rôles secondaires, Eckhart tire son épingle du jeu en incarnant un Harvey Dent plus incontestable et charismatique qu’Obama himself, mais au final, sommet dramatique vertigineux d’un film en hauteurs, tout est histoire de dualité. (6,5/10)

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Rogue ***

Après Wolf Creek, le slasher movie redoutable de l’an passé, McLean se plonge dans l’horreur animalière avec efficacité et véracité. Sans exploiter l’angoisse de manière permanente, alors frustrant, négligeant parfois les quelques éléments forts d’un Jaws dont il semble fortement inspiré et servi par une prestation assez monolithique des protagonistes (demeure la prodigieuse Mia Wasikowska) Rogue ne convainc pas totalement. Néanmoins, pareil à Wolf Creek, usant d’un décor mi-contemplatif mi-dangereux, Rogue met efficacement à l’épreuve le sang-froid du spectateur. Loin de la surenchère horrifique écoeurante presque toujours de rigueur, Rogue se révèle avant tout dans sa juste mesure, son sens de l’épouvante, habilement maîtrisée par un cinéaste qui préfère aux films archétypaux du genre les œuvres serrées, authentiques et sans concession. (7/10)

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Happy-Go-Lucky **

Be Happy (en VF, donc…) est un film au schéma global prévisible mais intéressant, un basculement d’une béatitude limite irritante à un état psychologique plus en rapport avec la réalité subjective, un respect du malheur des autres, en somme. N’évitant pas quelques bons clichés toujours pratiques en comédie, Happy-Go-Lucky sait aussi faire rire avec ses joutes verbales féminines, parfois simplistes, d’autres fois jouissives et libératrices, même si déjà rentrées dans la norme. Inspiré mais long à se révéler. (6/10)

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