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[Critique] Humane de Caitlin Cronenberg

Par Mespetitesvues
[Critique] Humane Caitlin Cronenberg

Synopsis officiel: Dans le sillage d'un effondrement environnemental qui force l'humanité à se débarrasser de 20% de sa population, un dîner de famille tourne au chaos lorsque le plan d'un père pour s'enrôler dans le nouveau programme d'euthanasie du gouvernement dérape terriblement.

Générique: Ontario, 2023 - 93′ - Production et scénario: Michael Sparaga - Réalisation: Caitlin Cronenberg - Avec: Jay Baruchel (This Is The End), Emily Hampshire (Schitt's Creek), Peter Gallagher (Grace and Frankie), Sebastian Chacon (Emergency), Alanna Bale (Sort Of, Cardinal), Enrico Colantoni () et Sirena Gulamgaus (Transplant).

En salle au Québec le 26 avril 2024

Avec (), son premier long métrage, Caitlin Cronenberg (fille de David et soeur de Brandon) a troussé un drame d'anticipation raconté au présent, qui, sous ses allures de production d'horreur à petit budget, repose sur un thème éco-anxieux intéressant, bien développé, et étonnement moins improbable qu'il n'y paraît. Le récit - qui pousse plus loin une idée développée avec beaucoup plus de force dramatique dans Plan 75 de Chie Hayakawa (FNC 2022) - part du principe que la seule solution pour réduire l'empreinte carbone des humains est de supprimer une bonne part de la population. Quatre trentenaires - une actrice en devenir, un membre du gouvernement, une responsable dans une entreprise pharmaceutique, et un ancien toxicomane - devront se battre pour ne pas faire partie de ces " héros ", sacrifiés sur l'autel du réchauffement climatique.

Plusieurs sous-entendus, évoqués avec une belle touche de subtilité, ressortent de cette prémisse. Quels sont ceux qui resteront? Le système est-il si fiable que cela? En cas de dérive, ne risque-t-on pas de prioriser les plus pauvres, les étrangers, les " bons à rien "? Au fond, ce programme - pas si volontaire que ça - ne serait-il pas autre chose qu'une épuration de masse, timidement supportée par un prétexte environnemental facile?

Portés par des personnages égoïstes, antipathiques et irresponsables, ces questionnements prennent tout leur sens et font écho aux propos des climatosceptiques et de tous les néolibéraux fervents d'une économie forte et d'une mondialisation sans limite. Tourné en pleine pandémie de COVID-19, Humane offre un regard cynique sur la nature humaine, prête à tout pour sauver sa peau. Alors que les enfants doivent se défendre pour éviter le pire, l'enjeu collectif, aussi louable soit-il, s'efface au profit de la sauvegarde de ses propres intérêts, que l'on pourrait être amené à défendre au péril de sa vie... y compris en éliminant l'un des siens.

C'est essentiellement grâce à sa vision sardonique de notre société que le film parvient à garder l'intérêt, ainsi qu'à son portrait de Bob, l'ange exterminateur campé par Enrico Colantoni, type froid et sardonique mandaté pour procéder à l'euthanasie des membres de la famille. Pour le reste, le récit, filmé de manière assez théâtrale, se contente dans sa seconde moitié d'empiler les séquences gores (mais pas assez pour effrayer vraiment), sans réelle conviction et en faisant fi de la plus élémentaire " crédibilité ". Humane n'est pas décevant pour autant, mais se voit avant comme un film de genre certes original, mais qui arrive vite au bout de ses idées.


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