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[Rentrée littéraire] Un degré de séparation; Pablo Mehler

Par Filou49 @blog_bazart
vendredi 23 février

9791034908455

Parce qu'il retrouve une vieille photo dans les affaires de sa mère qui vient de mourir, Frédéric Altman, écrivain américain célèbre mais en panne d'inspiration, se lance dans une quête éperdue. Et si ce jeune homme tendre, à côté de sa mère souriante, était ce père qu'il n'a jamais connu ? Et sa mère souriante, encore une chose surprenante qu'il n'a jamais connue.  À plus de soixante ans, partir à la recherche de son père, est-ce bien raisonnable ?  Encore une preuve, s'il en fallait une, que l'on ne guérit jamais de son enfance.  Auteur reconnu et francophile, c'est à Paris que Frédéric Altman se réconciliera avec son passé. Fausse autofiction, les ombres d'Ernest Emingway, de Salinger ou de Philip Roth flottent tout le long de la lecture du roman de Pablo Mehler . Roman d'émancipation, roman familial, roman d'un impossible renoncement. Du passé au présent, de la côte est des États-Unis aux boulevards parisiens et l'amour de la littérature à toutes les pages, difficile d'imaginer que " Un degré de séparation " est un premier  roman tant sa construction est exemplaire. Un roman  français ou argentinà   la manière de, parfaitement  réussi.  Extraits " La mort de tout homme me diminue, parce que j'appartiens au genre humain, aussi n'envoie jamais demander pour qui sonne le glas : c'est pour toi qu'il sonne."  Ernst Hemingway " Le lendemain, sans doute agacée par les réflexions de Myriam, ma mère m'a emmené faire des courses. Bien entendu, ça n'a pas été une partie de plaisir. Tout était soit trop cher, soit de mauvaise qualité, soit mal coupé, et le plus souvent les trois à la fois, ce qu'elle ne se privait pas de faire savoir haut et fort aux vendeurs. Se rendait-elle compte qu'elle se conduisait exactement  comme l'aurait fait son propre père ? Je lui ai dit que je préférais me passer de nouveaux vêtements que de devoir supporter plus longtemps des situations aussi embarrassantes et elle m'a répondu que je n'étais qu'un enfants gâté. Il était inutile de résister. Sur le chemin du retour, elle m'a parlé  de New-York, elle voulait que je vienne la voir plus souvent. Mais je n'étais plus l'enfant à qui on pouvait raconter n'importe quoi. Je lui ai rappelé qu'il était impossible de la joindre, impossible d'organiser quoi que ce soit. Elle a semblé sincèrement navrée et m'a proposé, si j'avais des difficultés à la contacter à l'avenir, de passer par Bob. Il était facilement joignable, puisqu'il travaillait chez lui et il ne manquerait pas de lui faire la commission. Sa suggestion m'a plu, mais ma mère ne se souvenait pas de son numéro et elle n'avait pas pris son répertoire. Elle m'a promis  de me le communiquer, dès qu'elle serait de retour à New-York. Des mois plus tard, lorsqu'à l'occasion d'un de ses rares coups de fil je lui ai rappelé cet engagement, elle m'a répondu que Bob avait déménagé et que, tout compte fait, le plus simple, si je souhaitais la joindre, était que je l'appelle chez elle. " "Ce n’est que le lendemain, alors que j’étais sur le point de partir à l’université pour animer mon atelier d’écritture bihebdomadaire, que j’ai remarqué, sur la moquette qu’éclairait un soleil matinal, ce qui ressemblait à une tache sombre mais qui, en réalité, était une photo d’identité. Elle avait dû s’échapper à mon insu d’un livre feuilleté la veille. J’étais en retard, comme d’habitude, et mon esprit déjà occupé à savoir quel trajet emprunter pour espérer arriver à l’heure. Je l’ai ramassée et m’apprêtais à la laisser sur mon bureau sans m’y attarder, quand mes yeux ont rencontré le visage jeune et jovial de ma mère figé sur le tirage. Un jeune homme posait avec elle dans une sorte de communion joyeuse."  

Un degré de séparation    Pablo Mehler ; éditions Liana Levi ; janvier 2024


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