Le garçon et le héron, un retour mitigé

J’ai eu la chance de pouvoir aller à une avant-première du dernier film d’Hayao Miyazaki : Le garçon et le héron. Un grand merci au Club Allociné pour cette opportunité de voir le dernier film du studio Ghibli. On connait tous le running gag, à chaque fois Hayao Miyazaki annonce sa retraite, mais sort un « dernier » film de sa manche. Soyons honnête, il mourra sur sa planche à dessin. Cet éventuel dernier film sort le 1er novembre 2023.

C’est quoi l’histoire ?

Après la disparition de sa mère dans un incendie, Mahito, un jeune garçon de 11 ans, doit quitter Tokyo pour partir vivre à la campagne dans le village où elle a grandi. Il s’installe avec son père dans un vieux manoir situé sur un immense domaine où il rencontre un héron cendré qui devient petit à petit son guide et l’aide au fil de ses découvertes et questionnements à comprendre le monde qui l’entoure et percer les mystères de la vie.

© 2023 Studio Ghibli

Un long rêve

Je pourrais vous trouver des formules bateaux et alambiquées pour vous faire croire que j’ai compris le film mais je ne me sentirais pas bien de vous mentir. Si ce film avait été réalisé par n’importe qui d’autres de Miyazaki il aurait été descendu par la critique. Mais on ne touche pas au maître. D’ailleurs ce serait absurde car tout n’est pas à jeter. Il a fait un film sans queue ni tête, une sorte de rêve qui se prolonge pendant 2h et dont on tente de percevoir le fond à défaut de pouvoir critiquer la forme. Car ça reste un film de Miyazaki, c’est beau, l’animation est fluide, les décors sont magnifiques et on ne peut absolument pas lui enlever la magie qui s’en dégage.

J’ai été particulièrement impressionné par la scène d’ouverture, j’aurais aimé plus de prise de risque de ce genre, car assez vite on revient à un film visuellement plus commun à ce que nous a habitué Ghibli.

Le scénario de Le garçon et le héron est décousu et on peine à savoir où il veut en venir. Il y a peu de logique entre les scènes. Certes, il explore des thématiques sur deuil, de l’héritage, et du voyage initiatique mais dans une  cacophonie déroutante. Oui, il y fait des clin d’œil à ses propres œuvres et on est heureux de les voir… Chose assez rare, le principal protagoniste est insipide, on a beaucoup de mal à s’attacher à lui tant on a l’impression qu’il ne montre que peu d’émotions.
J’ai peu l’impression de voir une suite de scène qu’il a imaginée et mis bout à bout sans qu’il y ait eu une attention d’en faire un film cohérent. D’ailleurs, j’imagine le casse-tête pour le vendre.

Comment vivre sa propre vie ?

Le titre japonais du film est le même que celui du roman Et vous, comment vivrez-vous ? (1937) de Genzaburo Yoshino. La mère d’Hayao Miyazaki le lui avait offert, tout comme le héros dans le film. L’ouvrage en question raconte l’histoire du passage à l’âge adulte d’un jeune garçon après le décès de son père. C’est bien entendu totalement cryptique pour qui n’aura pas la référence, mais sera tout aussi essentiel pour comprendre Le garçon et le héron. Tout est une question d’héritage. Que laissons-nous à nos descendants ? Est-ce qu’on les aide à se construire ? Est-ce que c’est vain ? Il faut, sans aucun doute, plus d’un visionnage pour commencer à comprendre ce qu’il a voulu laisser à ses descendants et aussi à nous.

Au Japon, aucune bande-annonce ou images n’ont été diffusées avant la sortie du film en salle. Juste une énigmatique affiche avec le fameux héron. Le but était que le public vienne voir le film mais sans promotion. En effet, les spectateurs n’ont pas besoin d’en savoir plus à part que c’est un Hayao Miyazaki. Et ça marche. Pas besoin d’en savoir plus, tout le monde ira se faire sa propre idée. Mais, je ne peux m’enlever de la tête que c’était aussi un casse-tête de faire la promotion d’un film qui au final parle surtout à son auteur et qui va dérouter une grande partie des spectateurs.

Le garçon et le héron est un film qui ne m’a pas touché malgré ses thématiques intéressantes. Je l’ai juste trouvé beau, mais je n’ai pas été réceptive aux messages de son réalisateur.

Public : Tout public – dès 12 ans

Avant-première

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