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Jeu de Société de David Lodge

Par Etcetera
Couverture chez Rivages Poche

Voici un écrivain britannique que je n’avais encore jamais lu et dont la découverte a été une agréable surprise !
J’ajoute que cette suggestion de lecture m’avait été faite par mon ami poète et écrivain Denis Hamel qui en avait entendu parler par des essais littéraires et/ou politiques.

Note Pratique sur le Livre

Editeur : Rivages poche
Première date de publication : (en anglais) 1988
Traduit de l’anglais par Maurice et Yvonne Couturier
Nombre de Pages : 412

Quatrième de Couverture

Qu’y a-t-il de commun entre Vic Wilcox, directeur général de Pringle and Sons, une entreprise de métallurgie anglaise en pleine restructuration, et Robyn Penrose, une jeune universitaire spécialiste des jeux de déconstruction littéraire et plus particulièrement de l’étude sémiologique des « romans industriels » victoriens ? Pas grand-chose en apparence. Mais tout est remis en jeu lorsque Robyn Penrose doit suivre un stage chez Pringle and Sons et devenir « l’ombre » de son directeur dans le cadre de « l’Année de l’Industrie ». Cette confrontation brutale – et cocasse – est un peu celle de la thèse et de l’antithèse, au cœur de Rummidge, cette variante fictive de Birmingham.

Mon Avis

Ce livre s’articule essentiellement autour de deux personnages et de leur rencontre : Vic Wilcox, qui est le patron d’une entreprise de sidérurgie, et Robyn Penrose, qui est professeur de Lettres à l’université. À travers eux, c’est la confrontation de deux mondes antagonistes, qui restent habituellement éloignés l’un de l’autre : d’un côté l’entreprise privée et son principe de réalité implacable et de l’autre côté l’enseignement supérieur avec son esprit d’analyse, ses valeurs morales, son idéalisme. Pour simplifier la situation on pourrait dire qu’il s’agit d’un face à face entre la droite et la gauche. Vic Wilcox est plutôt favorable à Margaret Thatcher, il apprécie les valeurs traditionnelles de la société et représente aussi le capitalisme triomphant des années 1980. Tandis que Robyn Penrose est une militante féministe et gauchiste (on dirait aujourd’hui « woke »), grande adepte de Derrida et préférant la justice sociale à l’argent.
On pourrait imaginer que leur rencontre n’occasionnerait que des conflits et de la détestation mais David Lodge déjoue habilement ce pronostic trop prévisible et nous mène à des développements plus amusants et psychologiquement plus fouillés. Si ces deux personnages sont assez typiques de leur milieu on ne peut pas dire pour autant qu’ils soient caricaturaux, et ce qui est le plus intéressant c’est de les voir évoluer au contact l’un de l’autre et d’assister à leurs doutes et remises en cause de leurs valeurs et croyances respectives.
L’humour est également très présent, et surtout à travers les personnages secondaires qui sont dignes d’une comédie à l’anglaise. La fin du livre est assez surprenante et réussie puisque les événements prennent une tournure moins vraisemblable, plus fantaisiste, et que l’aspect de « pure comédie » s’accentue encore plus nettement.
Un bon roman, qui a l’avantage de nous divertir tout en nous faisant réfléchir !

Un Extrait Page 229

C’était comme si la Robyn Penrose qui passait un jour par semaine à l’usine était le double de celle qui, les six autres jours de la semaine, s’occupait de littérature féminine, de roman victorien et de théorie littéraire poststructuraliste – un être moins consistant, plus insaisissable mais tout aussi réel. Elle menait une double vie actuellement, et cela la rendait plus intéressante et plus complexe, pensait-elle. Wallsbury Ouest, cette étendue désolée d’usines, d’entrepôts, de routes et de ronds-points, parcourue par des voies de chemin de fer, couvertes d’herbe, et de canaux désaffectés, comme les stries sur Mars, semblait elle-même être l’ombre, la face cachée de Rummidge, ignorée de ceux qui se prélassaient sous les projecteurs de la culture et du savoir à l’université. Bien sûr, c’était le contraire pour ceux qui travaillaient chez Pringle : c’était l’université et tout ce qu’elle représentait qui était la face cachée du monde, une face étrange, impénétrable et vaguement menaçante. En traversant, tantôt dans un sens, tantôt dans l’autre, cette frontière qui séparait ces deux zones dont les valeurs, les priorités, le langage et les coutumes étaient si diamétralement opposés, Robyn avait l’impression d’être comme un agent secret ; et, comme les agents secrets, il lui arrivait parfois d’avoir des états d’âme et de mettre en doute les valeurs de son propre camp. (…)


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