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Critique - Le Livre des solutions : agaçant et attachant

Par Filou49 @blog_bazart
jeudi 21 septembre

Le livre des solutions

Un peu comme Nanni Moretti règle son compte à Netflix dans "Vers un avenir radieux" en ridiculisant la théorie du "What the fuck", en prologue du Livre des solutions, Michel Gondry s'évade par la petite porte, d'une réunion avec ses producteurs parisiens, en subtilisant le disque dur contenant les rushs de son film, avant qu'on ne les lui massacre.

Toute la suite du film est une variation tantôt drolatique, tantôt dramatique sur les "affreux" de la création pour citer Gainsbourg.

Le cinéaste artiste créateur à l'équilibre mental fragile, embarque avec lui son équipe dans une sorte de fuite en avant au fin fond des Cévennes dans la maison de sa tante (histoire vécue par Gondry) refusant de voir les rushs de son film, et de participer même au montage.

Cependant, là où un Woody Allen ou un Nanni Moretti avaient assez d'auto-dérision pour nous faire oublier leur narcissisme, et faire rire sans arrière-pensée, y compris à leurs dépens, Michel Gondry n'y parvient pas toujours, même s'il se reconnaît lui-même une bonne dose de prétention à travers le personnage de Pierre Niney.

Il ne suffit pas de le dire ou de le faire dire, il faut le prouver.

Le Livre des solutions de Michel Gondry (2022) - Unifrance

Une fois qu'on a dit cela, on ne vous pas bouder notre plaisir. Plaisir à voir évoluer une merveilleuse Françoise Lebrun (Denis), plaisir aussi à admirer la patience du personnage et le jeu de Blanche Gardin (Charlotte) en monteuse d'un film que son réalisateur ne veut pas voir.

Le très drôle personnage de souffre-douleur Carlos (Mourad Boudaoud) qui "tousse tout le temps", et les rôles des femmes, Sylvia l'assistante (Frankie Wallach), que son réalisateur réveille en pleine nuit pour faire une recherche sur internet, ou Gabrielle (Camille Rutherford), dont Marc tombe amoureux, et qui voudra lui "présenter son mec", ce qui met Marc (Niney) en rage et nous fait beaucoup rire.

Ensuite, plaisir aussi de la prestation d'un Pierre Niney, double à l'écran de Gondry, qui se montre tel qu'il, bipolaire (Gondry dans la vie comme à l'écran) :"Je me sens déprimé le matin et manipulé l'après-midi", avoue le personnage de Niney, Marc Becker, qui décide d'arrêter de prendre ses traitements médicamenteux.

Le film oscille entre la démonstration brillante et agaçante (la scène désopilante de la composition musicale) et les moments touchants : les relations avec la tante de Gondry, Françoise Lebrun dans le film, et la fin un tantinet rose bonbon, où l'on peut se dire que la belle indépendance féministe de Gabrielle retombe bien vite dans un schéma traditionnel.


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