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Racisme à l'intérieur (2)

Publié le 21 septembre 2011 par Malesherbes

Le jeune militant à l'origine de l'écart de Brice Hortefeux demande à être pris en photo avec le ministre. L'assistance scande alors son prénom : " Amine, Amine ! ". Il est alors très heureux, d'autant que l'on dit autour de lui : " C'est l'intégration, ça ! ". Ensuite, une militante UMP, face à lui, s'écrie, enlui caressant la joue : " Il est catholique, il mange du cochon et il boit de la bière [...] c'est notre petit Arabe ".

En fait, non. Ce n'est pas l'intégration, c'est l'assimilation. Il est possible qu'Amine soit de confession catholique suite à un choix de ses parents. Mais son prénom laisse supposer qu'il s'est converti, soit par conviction, soit mu par le souci de ne plus se distinguer de ses camarades de parti. Il aurait ainsi visé plus que l'intégration, cherchant à s'assimiler, à se rendre en tout point semblable aux autres.

On touche ici ce fond d'intolérance présent en chacun d'entre nous. Quelle importance peut bien avoir, dans la sphère privée, l'observance de telle ou telle règle alimentaire ? On s'en accommode fort bien pour des raisons médicales, pourquoi s'en offusquer lorsqu'elle est d'origine religieuse. Eh bien non ! Notre militante enthousiaste considère l'abandon de certaines règles propres à l'Islam comme une éblouissante victoire de la francité et la preuve que ce garçon " est des nôtres, il lève son verre comme les autres ".

Parker le souligne fort bien dans son commentaire. Amine est une victime. Il a beau dire, il a beau faire, il reste un Arabe, et comme le dit avec une affection teintée d'un rien de condescendance la militante, " notre petit Arabe ", lui qui dépasse d'une tête ses interlocuteurs. Mais, tout à la joie d'être pris en photo entre Messieurs Copé et Hortefeux, il n'a pas même remarqué que Brice insultait les Arabes. Remarquez au passage que sa satisfaction tenait au fait de se trouver en compagnie d'un ministre, dans un rôle qui est tout sauf privé.

Cette scène a été filmée par un journaliste de la chaîne Public Sénat, donc ce qu'il y a de plus officiel, et on peut voir Jean-François Copé observer à plusieurs reprises la camera. Difficile de prétendre que celle-ci opérait clandestinement et dans un contexte privé.

Entre la profération de l'injure, 11 septembre 2009, et la condamnationen première instance du ministre, le 4 juin 2010, neuf mois se sont écoulés. Après que le 30 août 2008, quelques militants eurent pénétré dans la villa corse de Christian Clavier, sans commettre de déprédations, dès le surlendemain, Dominique Rossi, coordinateur des forces de sécurité en Corse, aété relevé de ses fonctions. Explication de notre souverain : " le fait d'être ami du président de la République ne doit pas entraîner le fait d'avoir moins de droits que les autres citoyens ". Admirez ce souci de l'égalité !


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