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Le jeu de la mort: qu’aurais-je fait ?

Publié le 27 février 2010 par Dominique Foucart

Je n’étais pas devant ma télé hier soir au moment de la diffusion par la deuxième chaîne de la RTBF de l’émission « intermédias » intitulée « Le jeu de la mort ».  Je vous invite à regarder d’abord les 80 première minutes de cette émission en cliquant ici.

Le thème de l’émission est la soumission à l’autorité. Après avoir vu le film, il est impossible de rester indifférent. Impossible aussi de se regarder honnêtement dans la glace en se disant que chacun d’entre nous fait nécessairement partie de ces quelques 20% de courageux qui ont osé affronter l’autorité des médias, dans un jeu sans enjeu, pour sauver la vie d’une autre personne. Si 80% des candidats ont obéi aux injonctions d’envoyer 480 Volts à une personne dont tout porte à croire qu’elle est peut-être morte depuis quelque minutes, qu’est-ce qui me rassure sur le fait que je ne l’aurais pas fait ? Honnêtement ? Quelle certitude ?

Combien de fois dans ma vie ai-je abdiqué mon libre arbitre pour obéir aux instructions qui m’étaient données ? Ce qui me dérange le plus dans cette émission, c’est que l’on essaie encore de nous déculpabiliser en nous disant que c’est la faute aux médias ! Qui regarde la publicité ? Qui regarde les reality-shows ? Qui choisit de s’installer dans son fauteuil, de pousser sur le bouton de la télécommande, de rire ou de pleurer ?

Les médias n’existent pas « en soi », ils n’existent que pour ceux qui les écoutent, les lisent, les regardent. Ils n’existent que parce qu’il y a un public. Et ce public n’existe pas en tant qu’entité externe à ceux qui la compose. Il n’y a de public qu’à partir des individus qui le compose. Donc in fine, il y a moi.

J’ai la chance de ne pas avoir été invité à participer à cet exercice. Je ne souhaite à personne d’avoir été invité à une telle chose. L’exercice de déculpabilisation qui termine le film est peut-être encore plus critiquable que le film lui-même. Regardons-nous en face: rien ne nous garanti que demain, enjoint d’obéir contre nos propres valeurs, pressés par le spectacle que nous donnerions de nous-même en ne nous soumettant pas à la loi du nombre, menacé de perdre la gloire futile qui nous était promise, rien ne nous garanti que demain nous n’appuierons pas sur la manette des 480 Volts. Rien, sauf peut-être de nous rendre compte de ce qui s’est joué devant nous dans ce documentaire.



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